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Les bénéfices d’une vie pleine de projets

Dans le tourbillon des activités quotidiennes, on oublie assez vite de se fixer des objectifs ou de s’engager dans de nouveaux projets. Certes, les obligations professionnelles et la gestion du quotidien sont constitués d’objectifs, mais ceux-ci sont bien souvent contraints (imposés de l’extérieur) ou trop vagues (ex : “être heureux”, “réussir professionnellement”, etc.). Ces buts non choisis ou flous ne sont que très rarement source d’épanouissement durable ou de bénéfices clairs… à moins de se les réapproprier via un travail de réflexion et de redéfinition.

À l’inverse, la poursuite régulière d’objectifs personnels et précis est liée au bon vieillissement et à l’épanouissement1, et ce à toutes les périodes de la vie2. Atteindre des objectifs et réaliser fréquemment des projets permet ainsi d’améliorer son bien-être3. Il est donc intéressant de s’arrêter pour élaborer de nouveaux projets – ou remettre au goût du jour des projets mis de côté il y a longtemps – et définir des buts précis. En procédant de la sorte, on se donne l’opportunité de changer activement son avenir, mais aussi son présent puisque cette démarche à un impact non négligeable sur le comportements et le mental au quotidien4.

Les bénéfices de l’engagement dans un projet sont toutefois liés à de multiples facteurs. Entre un projet ambitieux réussi, un fantasme et un objectif à la réalisation quasi-immédiate, il existe de nombreuses différences en termes d’efficacité, de faisabilité et de conséquences. Qu’est-ce qui détermine donc, dans le cadre d’un projet, un objectif ou un but de qualité ? C’est ce à quoi nous allons nous intéresser sans plus attendre.

 

Les différents types de but

Le but est une représentation mentale d’un résultat désiré. C’est donc à la fois une cible, le résultat à atteindre et ce qui va guider l’action en termes de direction et d’énergie. Définir des objectifs est essentiel pour réussir dans sa vie professionnelle et personnelle. Néanmoins, tous les buts ne se valent pas. Ils peuvent tout d’abord s’orienter vers deux pôles opposés :

  • Les buts d’approche (positifs). On cherche à se rapprocher de l’état désiré.
  • Les buts d’évitement (négatifs). On veut s’éloigner le plus possible de l’état non désiré.

 

Par ailleurs les buts peuvent varier en nature, c’est-à-dire qu’ils peuvent se  focaliser sur deux aspects différents (et ce qu’ils soient positifs ou négatifs) :

  • Les buts de maîtrise ou d’apprentissage. Développer de nouvelles habiletés, comprendre ou maîtriser quelque chose de nouveau. On peut soit vouloir développer ses compétences dans un domaine (positif) ou éviter qu’elles ne se dégradent (négatif).
  • Les buts de performance. En se comparant aux autres, on cherche à obtenir un retour (feedback) sur sa performance. On peut soit rechercher un jugement favorable (positif) ou vouloir éviter un jugement défavorable (négatif) de la part d’autrui.

 

Les buts d’apprentissage stimulent l’imagination et permettent de découvrir de nouvelles choses4. Ces buts sont liés au développement personnel, à la contribution à la communauté ou à l’affiliation (appartenance, intégration sociale). Ils sont de manière générale5 source de meilleures performances et d’un plus grand bien-être que les buts plus ou moins imposés, liés à la recherche d’approbation (buts de performance) ou à des signes extérieurs de valeur (richesse, renommée, etc.).

 

Ce qui influence les buts

Au niveau subjectif, deux facteurs influencent les buts que les gens se fixent :

  • L’importance du but pour la personne.
  • L’auto-efficacité, c’est-à-dire le fait d’avoir confiance en sa capacité à atteindre le but fixé.

De manière plus globale, les objectifs sont influencés par les capacités que l’on possède, la motivation, le feedback (les retours de l’environnement) et la complexité de la tâche. Les facteurs situationnels, comme par exemple la présence des ressources extérieures nécessaires à la réalisation du but en question, vont aussi en conditionner la formulation. Il est donc primordial de prendre ces éléments en compte lorsqu’on est dans la phase d’élaboration d’un projet, mais aussi tout au long de son avancement.

 

Construire des projets concrets et constructifs

Soyons honnêtes, il est rare de n’avoir que des projets et des objectifs passionnants, choisis et élaborés de manière autonome, et motivants à toutes les étapes de leur réalisation. Néanmoins, il paraît pertinent d’en favoriser l’émergence en se focalisant sur quelques aspects clés.

1. Les prérequis

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Pour atteindre la cible, il faut commencer par la positionner. Vouloir éviter à tout prix quelque chose ne donne par exemple aucun but à atteindre, aucun endroit à viser.

Il faut tout d’abord disposer de stratégies précises et de suffisamment de connaissances dans un domaine pour améliorer son apprentissage et/ou ses performances. La motivation seule ne suffit pas6. En effet, sans connaissances au travers desquelles se mobiliser, une motivation élevée ne servira à rien. Cela risque même de mener à force à une résignation et une dépréciation de soi qui peuvent se propager à d’autres projets (voire même se généraliser).

Il faut donc se fixer des objectifs sur la base des possibilités en place, sans quoi le but à atteindre sera tellement distant que la motivation ne trouvera aucun débouché pour s’exprimer. D’où l’importance du fait de connaître ses compétences, sans les sous-estimer. C’est ce qui permet de fixer des objectifs suffisamment stimulants tout en restant accessibles. À l’inverse, un but trop simple ne motivera pas car il ne sera pas gratifiant. Enfin, l’intensité, c’est-à-dire le degré de réflexion mis en jeu pour élaborer un objectif et le plan d’action associé, est cruciale. Elle doit être suffisante pour que l’on puisse pleinement s’approprier l’objectif et se motiver.

En résumé, avant même de détailler un projet il faudra donc partir des connaissances et compétences déjà présentes, être suffisamment ambitieux, et être prêt à s’impliquer personnellement dans son élaboration pour pouvoir se l’approprier.

2. Les caractéristiques des buts dans un projet

Les buts doivent avoir 3 propriétés cruciales7 pour être efficaces :

  • Ils doivent être spécifiques (un but sera plus motivant s’il est précis8).
  • Ils doivent être proximaux, c’est-à-dire pas trop éloignés dans le temps. Cela permet d’augmenter la motivation. En outre, il est important de fixer des objectifs intermédiaires proches lorsqu’on a un objectif à long-terme. De cette manière, on obtient un feedback plus régulier pour s’assurer que l’on garde le cap. In fine, cela mène à de meilleures performances9. Le feedback est aussi très important pour persévérer et maintenir les efforts dans le temps10. Mais l’objectif final et global devra être ambitieux car c’est ce qui permet d’augmenter encore la performance, quelles que soient les compétences au départ. On allie ainsi les bénéfices d’un objectif à long terme avec ceux de sous-objectifs plus proches dans le temps au sein d’un même projet.
  • La difficulté des buts doit être suffisamment élevée. Ils doivent représenter un défi pour être stimulants.

3. Les types de buts à privilégier

Concernant l’orientation et la nature des buts, on peut également optimiser les choses :

  • Il est préférable de poursuivre un objectif positif et que de se focaliser sur un objectif négatif. La recherche montre qu’un objectif à la formulation positive permet d’obtenir de meilleures performances qu’un objectif négatif9. D’autres travaux ont par ailleurs prouvé que le fait d’envisager les erreurs comme quelque chose de positif dans le cadre d’un projet améliorait encore les performances11. En clair, en faisant des erreurs, on crée des opportunités d’apprentissage. Néanmoins, tout cela n’a d’effet que si la tâche à réaliser est suffisamment difficile.
  • Les objectifs les plus efficaces pour engendrer des résultats concrets et pertinents sont les objectifs de maîtrise. Ils permettent de générer et de maintenir l’intérêt au long cours et de favoriser le bien-être12. Cet avantage des buts de maîtrise sur les buts de performance n’est cependant vrai que si l’acquisition de nouvelles compétences est requise. Si ce n’est pas le cas, un objectif de performance sera plus efficace (ce qui implique la maîtrise complète du sujet traité au préalable). Cependant, on peut cumuler différents objectifs pour un même projet et tirer les bénéfices de chacun d’entre eux. Il faut donc favoriser l’approche de maîtrise en encourageant l’intérêt pour le tâche et pour les compétences qui seront acquises (pour elles-mêmes et non comme un simple moyen pour arriver à ses fins), tout en fixant des objectifs de performance réalistes mais exigeants dans un second temps. Il faudra également veiller à ce que les erreurs commises soient intégrées comme un feedback constructif, c’est-à-dire positif pour l’avancement du projet.

 

S’inspirer des experts

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Un projet réussi nécessite une réflexion poussée et une planification précise.

Selon les chercheurs Cleary et Zimmerman13, les personnes expertes dans un domaine vont définir plus d’objectifs que les non-experts et les novices pour un même projet. De même, les experts vont sélectionner plus de stratégies relatives à la technique (exécution concrète des tâches qui constituent un projet) que les autres. Pour disposer d’une efficacité proche des experts, il est donc important de poser des objectifs précis et de sélectionner des stratégies concrètes. Masi cela n’est bien sûr pas la seule différence qui sépare les experts du reste de la population…

L’explication des erreurs

Les experts attribuent en outre leurs échecs et erreurs au fait d’avoir mis en place des techniques spécifiques de manière partielle ou inefficace. Les novices, eux, vont attribuer leurs échecs à l’environnement, ou encore au manque de chance.

Cette différence d’attribution est cruciale. En effet, seuls les experts sont en capacité d’identifier des leviers d’action pour améliorer leurs futures performances, grâce à l’analyse des processus qui ont pêché. À l’inverse, quand on pense que nos échecs sont principalement liés à des facteurs externes difficiles à cerner, difficile de faire mieux la fois suivante… Et cette différence d’attitude et de perspective influence directement la qualité du résultat final.

Les stratégies et les objectifs

Enfin, il est à noter que les non-experts utilisent, contrairement aux experts, des stratégies trop générales qui ne permettent pas vraiment d’améliorer les performances et de progresser (ex : « utiliser la bonne posture » , « se concentrer » , « faire des efforts » ) . Pour être efficace, il faut donc véritablement rentrer dans le détail. Définir des objectifs précis en termes de résultats (définir ce que l’on veut vraiment) permet justement de mettre en place plus de stratégies techniques spécifiques. Pour faire simple, les personnes qui réussissent moins bien ont la plupart du temps des objectifs très généraux et des stratégies peu spécifiques.

Tout ceci démontre encore une fois l’importance de la clarification et de la définition d’un système d’objectifs qui permettent justement de sélectionner des stratégies d’action précises par la suite13. La recherche scientifique a par ailleurs mis en évidence le fait que les personnes qui ont des objectifs et des stratégies précis sont plus confiantes et apprécient plus les expériences en lien avec leur projet que les autres. Et cela ne dépend pas du niveau de connaissances préalables. En effet, ceux qui ont des connaissances préalables riches sans adopter ce type d’objectifs et de stratégies réussissent moins bien. Mais il reste néanmoins évident qu’à qualité d’objectif équivalent, un novice complet dans un domaine sera désavantagé par rapport à un expert.

 

Des projets efficaces : synthèse

Pour résumer, on peut donc dire que l’objectif principal d’un projet doit présenter les caractéristiques suivantes pour être efficace :

  • ILes 6 caractéristiques d'un projet sous forme graphiquel aura été choisi. À défaut, on se le sera au minimum approprié (et le redéfinissant et en analysant ce qu’il peut nous apporter).
  • Il sera spécifique et précis (et donc découpé en sous-objectifs), ce qui implique :
    • Qu’on puisse mesurer l’avancement par rapport à celui-ci, évaluer les résultats obtenus (quantitativement et qualitativement) ;
    • Que l’objectif soit réaliste ;
    • La présence d’une date butoir de réalisation ;
    • Qu’il s’accompagne de stratégies concrètes (“quelles sont les actions concrète à mettre en place ?” ).
  • Il sera suffisamment proche dans le temps ou décliné en sous-objectifs dont certains seront très proches. Il faut pouvoir faire le lien de manière fluide en jalonnant le parcours entre le présent et un futur où le projet sera réalisé.
  • L’objectif sera suffisamment difficile et donc stimulant.
  • Il sera positif (aller vers quelque chose plutôt que de vouloir éviter quelque chose).
  • Enfin, l’objectif global du projet devra se focaliser sur la maîtrise plutôt que sur les seules performances.

 

Conclusion

Avoir des objectifs permet de se libérer des stimuli et distractions courantes tout en reprenant la main sur son futur. Mais la fixation d’objectifs ou de buts nécessite de se connaître et d’examiner son propre fonctionnement avec lucidité. Les projets qui sont élaborés de manière réfléchie, puis réalisés, augmentent l’efficacité de l’autorégulation, mènent à un bien-être plus grand, et augmentent le nombre d’activités pro-sociales ainsi que l’estime de soi. La réalisation de projets et la fixation d’objectifs liée permet donc d’améliorer les performances à l’école, à l’université ou au travail, les relations sociales et l’efficacité d’une manière générale. Enfin, la stabilité de l’humeur, la conscience de son propre fonctionnement, l’acceptation de soi et le développement de la personnalité seront aussi impactés positivement par des projets constructifs10. En clair, on a tout à y gagner. Alors autant se lancer sans plus attendre !

Il y a sans doute quelque chose que vous avez toujours voulu découvrir ou apprendre, un lieu que vous voudriez visiter, un sport que vous aimeriez pratiquer, un livre que vous souhaiteriez écrire. Soyez réalistes, mais ayez de l’ambition. Si vous consacrez intelligemment du temps et de l’énergie à quelque chose, vous progresserez et en tirerez satisfaction. Mieux, cela vous ouvrira de nouveaux horizons pour de futurs projets !

 

Références

  1. Bouffard, L., & Aguerre, C. (2009). Le vieillissement réussi. In J. Lecomte (Éd.), Introduction à la psychologie positive (p. 77‑92). Dunod.
  2. Dubé, M., Bouffard, L., Lapierre, S., & Alain, M. (2006). La santé mentale par la gestion des projets personnels : Une intervention auprès de jeunes retraités. Santé mentale au Québec, 30(2), 321‑344.
  3. Sonnentag, S. (2005). Performance, Well-Being and Self-Regulation. In S. Sonnentag (Éd.), Psychological Management of Individual Performance (p. 403‑423). John Wiley & Sons, Ltd.
  4. Carré, P., & Fenouillet, F. (2009). Traité de psychologie de la motivation. Dunod.
  5. Sarrazin, P., Pelletier, L., Deci, E., Ryan, R., & Ryan, R. (2011). Nourrir une motivation autonome et des conséquences positives dans différents milieux de vie : Les apports de la théorie de l’autodétermination. In P. Carré & F. Fenouillet (Éds.), Traité de psychologie de la motivation (Dunod, p. 273‑312).
  6. Fenouillet, F., & Lieury, A. (1996). Faut-il secouer ou dorloter les élèves ? Apprentissage en fonction de la motivation induite par l’ego et du niveau de mémoire encyclopédique en géographie. Revue de Psychologie de l’Éducation, 1, 99‑124.
  7. Zimmerman, B. J. (2008). Motivation, an essential dimension of self-regulated learning. In D. H. Schunk & B. J. Zimmerman (Éds.), Motivation and self-regulated learning (p. 1‑30). Lawrence Erlbaum Associates.
  8. Maugeri, S. (2013). Théories de la motivation au travail. Dunod.
  9. Latham, G. P., & Locke, E. A. (2007). New Developments in and Directions for Goal-Setting Research. European Psychologist, 12(4), 290‑300.
  10. Sampson, S., Ph. D. (2010). Motivated life : A study on goal-setting, well -being and achievement. iUniverse Inc.
  11. Keith, N., & Frese, M. (2005). Self-Regulation in Error Management Training : Emotion Control and Metacognition as Mediators of Performance Effects. Journal of Applied Psychology, 90(4), 677‑691.
  12. Fryer, J. W., & Elliot, A. J. (2008). Self-regulation of achievement goal pursuit. In D. H. Schunk & B. J. Zimmerman (Éds.), Motivation and self-regulated learning : Theory, research, and applications (p. 53‑75). Lawrence Erlbaum Associates.
  13. Cleary, T. J., & Zimmerman, B. J. (2001). Self-Regulation Differences during Athletic Practice by Experts, Non-Experts, and Novices. Journal of Applied Sport Psychology, 13(2), 185‑206.
Bastien Wagener
WRITTEN BY

Bastien Wagener

Docteur en psychologie, je suis passionné à la fois par le développement personnel, mais aussi par la recherche sur les capacités et potentialités incroyables de l’être humain !
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Marie-Christine PENNORS
Marie-Christine PENNORS
5 années plus tôt
Répondre à  Bastien Wagener

Merci pour cet article fort instructif, les projets permettent également de trouver une source de résilience pour repartir et rebondir.

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