Trouver sa voie, sa passion, n’est pas une chose aisée. Même quand on a la chance d’avoir trouvé un domaine de prédilection, il faut souvent beaucoup de temps et de travail pour arriver à trouver les activités précises qui nous permettent de pleinement nous épanouir. De plus celles-ci sont, quoi qu’il arrive, amenées à évoluer.
Aujourd’hui, le panel de choix et d’opportunités qui s’offre à nous est plus important que jamais. Néanmoins, cette liberté apparente peut être source de stress, surtout quand on n’a pas d’indications claires pour nous guider dans nos choix. Surtout qu’il faut ajouter à cela les injonctions à “être heureux”, à “être libre” ou à “faire ce qui nous plaît vraiment”. Ces dernières sont d’ailleurs parfois plus des contraintes et une pression sociale qu’un réel encouragement à trouver sa voie…
Ce vaste sujet est de plus en plus central dans un monde où les carrières professionnelles linéaires deviennent l’exception. Afin d’avancer un peu dans la réflexion sur ce sujet, nous allons parler d’un concept japonais, l’ikigai.
Qu’est-ce que l’Ikigai ?
“Ikigai” est un mot japonais qu’on peut traduire par “raison d’être/de vivre”. Ce concept assez ancien au Japon (dont on retrouve les traces durant la période Heian s’étendant de 794 à 1185) a été popularisé par le psychologue Akihiro Hasegawa hors des frontières du pays.
L’ikigai est à la fois ce qui nous pousse à nous lever le matin, ce qui nous dynamise et nous motive, mais également une manière d’aborder les choses au quotidien et de profiter de l’instant présent, quelles que soient les activités qui nous motivent.
C’est donc une manière d’exploiter son potentiel et de s’épanouir dans la durée. Trouver son ikigai est rarement aisé et instantané, mais extrêmement gratifiant une fois qu’on a pu l’identifier. Il consiste en un épanouissement via des expériences qui donnent du sens à la vie et que l’on valorise. En clair, c’est ce qui nous pousse à considérer que la vie vaut la peine d’être vécue.
La recherche montre que l’ikigai est quelque chose qui n’est jamais acquis et qui relève plus d’un processus que d’un état définitif1. De plus l’ikigai est lié à la longévité : ceux qui ne trouvent pas le leur ont plus de risques de mortalité2.
L’ikigai en image
Pour mieux comprendre ce que recouvre la notion d’ikigai, je vous propose le schéma suivant :
Il faut préciser que cette illustration, sous forme de diagramme de Venn, est une représentation occidentale du concept. Les éléments qui le composent sont donc nécessairement des adaptations, puisqu’au Japon ce concept n’est pas “découpé” en tant que tel. Il fait partie de la culture japonaise et n’est pas segmenté de cette façon. Il est plus “direct”, “évident”.
Ainsi, plusieurs précisions sont nécessaires pour bien comprendre le schéma ci-dessus :
- Quand on parle de ce pourquoi on peut être “payé”, il s’agit plutôt ce pour quoi on peut être reconnu, valorisé (reconnaissance).
- La notion de mission est liée à la communauté, au fait de participer à quelque chose de plus grand (et non pas à une mission au sens professionnel).
- La vocation est une combinaison entre travail et bien-être, mais n’implique pas nécessairement d’avoir toutes les compétences requises ou de pouvoir être rémunéré.
- D’une manière générale, la notion d’argent et de profession n’ont presque pas lieu d’être dans l’ikigai, puisqu’il s’agit d’une quête de sens dans sa vie, et non pas une recherche formelle d’emploi. Mais bien entendu, dans les faits, la profession joue un rôle essentiel dans nos sociétés.
Trouver son ikigai
Avant de commencer à travailler sur le sujet, sachez qu’aucune activité n’est exclue. L’ikigai peut concerner tous les domaines, tant qu’on y trouve plaisir et satisfaction et qu’on est compétent dans cette activité.
Partir de la situation actuelle
Une méthode pour identifier son ikigai consiste à faire un état des lieux. Notez les 10 choses auxquelles vous avez consacré le plus de temps cette semaine. Une fois ces choses notées, demandez-vous si ces choses donnent du sens à votre vie en vous posant les questions suivantes :
- Est-ce quelque chose que j’aime faire ?
- Est-ce quelque chose dont le monde a besoin ?
- Suis-je “doué(e)”, bon(ne) dans cette activité ?
- Est-ce une chose pour laquelle je peux obtenir de la reconnaissance (financière, sociale, relationnelle, etc.)
Vous ne trouverez sans doute pas l’activité “magique” qui donne du sens à votre vie en 10 minutes. Néanmoins, ce type d’analyse vous permettra d’identifier des secteurs qui vous captivent vraiment. De plus, le parcours pour identifier son ikigai est rarement linéaire et peut évoluer avec l’âge et les expériences. Si vous n’avez pas de déclic en faisant cette première analyse, n’hésitez donc pas à être curieux et à tenter de nouvelles choses, à continuer à apprendre.
Réfléchir de manière plus large
Une autre manière de travailler consiste à dresser un tableau d’ensemble de vos activités secteur par secteur. Dans ce cas là, vous pouvez lister les choses selon les 4 catégories du schéma ci-dessus.
1. Qu’aimez vous faire ?
Quelles sont les activités dans lesquelles vous prenez du plaisir, qu’il s’agisse de loisirs, de relations, de travail, que ces activités soient rémunérés ou non, etc.
2. Dans quelle domaine êtes vous performant(e) ?
Il s’agit ici de toutes les activités dans lesquelles vous êtes compétent(e), que ces activités soient épanouissantes ou non. Votre niveau de compétence peut ici varier de “bon” à “excellent”. En gros, c’est ce que vous savez faire, voire très bien faire.
3. Qu’elles activités peuvent vous apporter de la reconnaissance ?
Concentrez-vous sur les activités pour lesquelles vous êtes ou pourriez être rémunéré(e), mais aussi celles pour lesquelles vous pouvez être remercié(e), apprécié(e), reconnu(e), etc.
4. Quelles sont les activités qui peuvent apporter du positif au monde ?
Pour cette catégorie, il ne s’agit pas de faire un inventaire simpliste et général des activités à valeur ajoutée pour le monde dans sa globalité. Réfléchissez plutôt à ce qui peut apporter quelque chose de positif aux autres, même si la portée de ces activités est limitée. Ces dernières peuvent donc apporter des “petits plus” ou changer le monde.
5. Croiser les informations
Une fois les 4 premières étapes réalisées, croisez les éléments que vous avez listés pour identifier :
- Les passions. Ce que vous aimez faire et pour quoi vous êtes doué(e).
- Ce qui relève des missions. Les activités auxquelles vous aimez vous adonner et dont le monde a besoin.
- La vocation. Ce dont le monde a besoin et qui peut être une source de “rémunération” pour vous. Même si vous n’avez pas toutes les compétences requises à l’heure actuelle.
- Ce qui relève de la profession. Les domaines dans lesquels vous êtes compétent(e) et pour lesquels vous pouvez obtenir un salaire et/ou de la reconnaissance au sens large.
Et si vous arrivez à identifier des activités qui sont au croisement de trois domaines, vous aurez trouvé une sérieuse piste d’ikigai. Quelque chose “manquera” encore à ces dernières, mais le chemin à parcourir pour en faire votre ikigai sera réduit. Vous pourrez même utiliser le processus créatif pour réfléchir aux différentes pistes permettant d’en faire de réelles “raison d’être” pour vous.
Enfin, si certaines activités permettent de “cocher toutes les cases”, alors votre ikigai est à portée de main ! Cela vous paraîtra probablement être une évidence, une fois que vous les aurez identifiées. A l’inverse, si rien ne ressort spécifiquement, continuez à explorer des activités qui piquent votre curiosité. C’est de cette manière qu’on finit par trouver sa voie, en expérimentant de nouvelles choses et en sortant de sa zone de confort.
Conclusion
L’ikigai est un concept nippon qui présente donc un réel intérêt puisqu’il permet d’aborder les choses avec une grille de lecture assez complète. Évidemment, trouver l’épanouissement et les activités qui nous “parlent” est un travail de longue haleine, et qui nécessite du temps et des efforts pour la plupart d’entre nous.
L’objectif n’est pas ici de proposer un énième outil de bonheur au travail qui consisterait à donner du sens à des professions qui n’en ont parfois plus (ou en tout cas plus pour les salariés concernés). L’idée est plutôt d’entamer un travail sur soi et sur ses objectifs. En effet, les pistes de notre propre épanouissement restent souvent occultées, faute de travail réflexif sur le sujet. Que vous trouviez votre ikigai aujourd’hui ou dans trois ans, un travail sur le sujet permet de prendre du recul et de mettre les choses à plat. Et la réflexion que vous aurez entamé vous permettra, quoi qu’il arrive, d’avancer !
Se-réaliser a également publié un épisode du podcast au sujet de l’ikigai, disponible ici.
Références
- Yamamoto-Mitani, N., & Wallhagen, M. I. (2002). Pursuit of Psychological Well-Being (Ikigai) and the Evolution of Self-Understanding in the Context of Caregiving in Japan. Culture, Medicine and Psychiatry, 26(4), 399‑417.
- Sone, T., Nakaya, N., Ohmori, K., Shimazu, T., Higashiguchi, M., Kakizaki, M., Kikuchi, N., Kuriyama, S., & Tsuji, I. (2008). Sense of Life Worth Living (Ikigai) and Mortality in Japan : Ohsaki Study. Psychosomatic Medicine, 70(6), 709‑715.
Bonjour,
Actuellement en reconversion professionnelle, je souhaite accompagner dans le développement personnel, via du coaching et/ou de l’art thérapie. Je suis actuellement en recherche de support et réflexion et je viens de trouver votre page ainsi que l’IKIGAI que je ne connaissais pas.
Où pouvons nous nous former pour accompagner des personnes dans ce processus de réflexion (il me parle autant de façon personnel que pour l’utiliser en tant que future professionnelle…)
Cordialement,
Bonjour Solène,
Merci pour votre commentaire !
Il existe de nombreuses formation sur l’ikigai, mais il faut faire attention aux qualifications des personnes ou des organismes concernés. Même chose dans le domaine du coaching. Tout dépend de votre lieu de résidence, mais vous trouverez des formation de qualité en coaching dans la plupart des grandes villes françaises. L’ikigai fait parti des outils souvent abordés dans les formations à la reconversion professionnelle ou au bilan de compétences.
Cordialement,
Bastien
Très instructif ! Merci beaucoup
salut, bon je suis au monde je sais pas quoi faire je sais pas ce que je veux vraiment et d’arranger mes sentiments
Bonjour,
Si un travail personnel sur l’ikigai peut être utile. Je vous invite à vous rapprocher d’un professionnel qui pourra plus directement vous accompagner et vous aider à avancer dans votre questionnement.
Bonjour,je suis en burn out depuis 4 ans ,je me suis renfermée sur moi ,peur de tout ,ne sort plus ,plus envie de rien
C’est compliqué,je veux me sortir de la
Bonjour,
Etant donné votre situation, je vous conseille vivement de chercher de l’aide auprès de professionnels qui pourront vous écouter et vous aider. Vous pouvez tout à fait commencer par des consultations à distance si cela vous semble plus simple.
Quoi qu’il en soit, il est toujours possible de s’en sortir, et il n’y a aucun mal à se faire aider quand la situation l’exige.
Je vous remercie pour ce travail très agréable à écouter, à la fois simple et efficace. Merci pour ce sourcing de qualité.
Merci beaucoup Laurence ! 🙂
Ce contenu est très intéressant et très instructif. En vrai ce sont des chose que l’on connaissait déjà mais qu’on ne pouvait pas nommer des expliquer.
Merci OuzmaN. Effectivement l’essentiel de l’approche de l’ikigai est de prendre le temps de la réflexion et de mettre des mots sur des ressentis, des envies, des expériences, etc. 🙂
Bonjour, sur votre schéma, je me demande si la mission ne devrait pas se situer au croisement de ce pour quoi on peut être payé et ce dont le monde a besoin (=ne nécessite pas forcément d’aimer ce qu’on fait) et la vocation à la croisée de ce que l’on aime et ce dont le monde a besoin,…. Merci
Bonjour Matthieu,
Merci pour ce commentaire, il est parfois bon de préciser davantage les choses.
Sur la représentation occidentale, la vocation et la mission se situent bien aux endroits indiqués sur le schéma. La vocation s’entend ici comme un métier, une vocation/voie professionnelle, là où la mission représente un véritable engagement (pas dans le sens d’une mission professionnelle).
Mais au final ces mots clés ne sont qu’une aide pour mieux comprendre le concept. L’essentiel est de comprendre à quoi cela peut faire référence.
Bonne journée et à bientôt !
bonjour, je suis a une periode de ma vie ou j ai l’impression d avoir atteint mes objectifs professionnels … j ai eu beaucoup de passions mais avec ma vie de maman solo je n ai plus la motivation de me lancer des objectifs personnels car je suis souvent prise par le temps et je n arrive pas a me consacrer véritablement a une passion ou une activité car je ne suis pas en mesure de m y consacrer de facon régulière et serieuse. sauf que cela me pese car j ai l impression de devenir oisive et je n ai meme plus la motivation de commencer qq chose car je sais que je ne vais pas avoir le temps… Voir plus »
Bonjour Delphine,
Merci pour votre commentaire. Tout d’abord, il peut être intéressant de prendre du temps pour récupérer avec un tel emploi du temps. Peut-être êtes vous à un moment où vous avez simplement besoin de prendre du temps pour vous, sans nécessairement vous fixer des objectifs très précis.
Bien sûr, vous pouvez aussi simplement profiter de cette période pour aiguiser votre curiosité et découvrir de nouvelles choses, sans engagement et sans transformer cela en projet.
Je pense que le principal est de vous dégager du temps pour vous, et d’en profiter sans transformer cela en charge supplémentaire. Peut-être que dans quelques mois vous retrouverez des marges de manœuvre pour élaborer à nouveau des projets personnels ! 🙂
Bonjour. Je voudrais en savoir plus sur ce système.
Bonjour Hubert,
Merci pour votre passage sur le blog et votre commentaire. Pour en savoir plus sur l’ikigai, je vous invite à écouter l’épisode du podcast et à consulter les livres référencés sur cette page : Tout savoir sur l’ikigai – Se réaliser (se-realiser.com)
Bien sûr, si vous avez des questions précises, n’hésitez pas à les poser ici pour que je puisse y répondre 🙂
bonjour, je viens de découvrir la notion de ikigai et je trouve votre article très intéressant et avec une ouverture beaucoup plus large que ce que j’ai pu lire jusqu’ici . Mais étant à la retraite et ne désirant plus travailler j’ai du mal à concevoir comment je peux rechercher mon ikigai ou la part “profession” semble importante . Bien que votre façon d’élargir la “rémunération” à la reconnaissance entrebâille une porte …mais elle me semble très étroite et le chemin bien compliqué .
Bonjour Marie-Dominique et merci pour votre commentaire ! A la retraite, on va dire que la paramètre “rémunération” est, d’une manière générale, une contrainte en moins. On peut alors élargir cette dimension : cela peut certes être ce pour quoi vous pourriez être payée, mais aussi ce qui vous apportera de la reconnaissance, de l’appréciation de la part des autres. Globalement, la rémunération, en complément des 3 autres domaines est une manière facile de mesurer le fait de pouvoir “vivre” de sa passion. Mais en réalité cela a plus pour objectif de traduire le fait que d’autres personnes apprécient votre travail (par des retours positifs, des demandes de contribution, l’envie d’obtenir le service ou le produit qui découle de votre… Voir plus »
Merci d’être passé(e) sur le site et d’avoir pris le temps de lire cet article ! J’espère que vous l’avez apprécié.
N’hésitez pas à me laisser un commentaire si vous avez des questions. Je fais de mon mieux pour lire et répondre à tous les commentaires postés sur le blog, alors ne soyez pas timide !
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Bonjour, Je souhaite me forme à l’IKIGAI pour le proposer dans le cadre de mes accompagnements. Avez vous des adresses d’organisme à me communiquer ? Merci à vous Anne
Bonsoir,
Tout d’abord, merci de votre passage sur le site Anne. Je ne connais malheureusement pas spécifiquement d’organismes de formation sur le sujet. Je sais qu’il existe effectivement des organismes qui accompagnent et forment à des méthodes qui s’appuient sur l’ikigai, mais je n’en ai pas testé personnellement.
N’hésitez pas à lire des ouvrages sur le sujet pour commencer à l’approfondir (si ce n’est déjà fait) et à demander le détail des formations aux organismes que vous démarcherez pour faire le meilleur choix !
Je suis désolé de ne pouvoir vous aider plus malheureusement…
Merci encore pour votre commentaire et à bientôt,
Bastien.
Bonjour Bastien!
Merci pour cet article très intéressant, bien écrit et documenté. Le sujet a une belle résonance en moi qui suis en plein questionnement depuis des mois. Je suis tombée sur votre site et je picore les articles au gré. Merci aussi pour les liens (je me suis déjà inscrit à un Mooc).. ::) …J’avais besoin de reprendre une direction, d’un signal et l’ai trouvé. Merci et bravo pour votre travail!!!
Bonjour Antonella,
Merci beaucoup pour votre commentaire ! Si vous avez des questions, n’hésitez surtout pas.
Bonne continuation et à bientôt sur le site 🙂