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Les effets positifs de la nature

Personnes marchant dans un parc

Alors que la population des métropoles ne cesse de croître, l’accès à la nature devient de moins en moins aisé. Toutefois, vivre en ville s’est avéré psychologiquement difficile pour certains durant la pandémie. D’aucuns ont ainsi décidé de déménager pour s’éloigner des centres urbains (même si cet exode reste encore limité).

Malgré ce phénomène, on peut légitimement se demander si nous avons réellement besoin d’espaces verts. Au-delà de l’intérêt environnemental évident de ces derniers, ont-ils un impact sur notre santé mentale ? C’est ce que nous allons tenter d’éclaircir dans cet article.

 

Pourquoi passer du temps dans des espaces naturels ?

Sans aller jusqu’à suggérer l’emménagement dans une cabane au fond des bois, la recherche montrer que le fait de passer régulièrement du temps dans des espaces verts génère un certain nombre d’effets positifs. Et cela concerne autant la santé mentale, que les émotions, les relations ou les capacités cognitives.

Nature, santé et bonheur

C’est depuis quelques années une certitude : être davantage connecté à la nature augmente le bien-être psychologique, et donc le bonheur1. Et cela ne dépend ni du sexe ni de l’âge des individus. C’est vrai pour tout le monde. Les espaces naturels auraient notamment la capacité de rebooster notre vitalité1. Globalement, cet effet sur le bonheur est comparable en amplitude à celui des revenus, de l’éducation, du statut marital, de la générosité (via le bénévolat) ou du sentiment d’être attirant physiquement.

Ainsi, passer 15 minutes dans un environnement naturel (comme un arboretum), favoriserait les expériences d’émerveillement, la joie et le bien-être2. D’une manière générale, toute marche dans des espaces verts (ex : parcs publics, campus d’universités verts, etc.) a effet positif sur la psychologie des individus, comparativement à la même activité réalisée dans un environnement « artificiel » (intérieur et extérieur)3. Passer du temps dans la nature améliore également plusieurs indicateurs de santé, comme le rythme cardiaque ou la pression sanguine4. En clair la nature fait baisser le stress via un certain nombre de mécanismes liés au système nerveux autonome et aux émotions5.

L’impact sur les émotions

Les émotions sont un des éléments centraux qui expliquent l’effet de la nature sur l’être humain. Par exemple, si vous prenez le temps de vous promener régulièrement dans un environnement naturel, vous ressentirez plus d’émotions positives1. Quand on prend du temps hors du tumulte urbain, on régule mieux ses émotions6. Tout ceci nécessite toutefois de prendre le temps d’apprécier l’environnement dans lequel on évolue. C’est via l’attention portée au moment présent que la nature peut déployer pleinement ses bénéfices6.

Et comme la recherche l’a montré, les émotions positives ont la capacité d’élargir momentanément notre répertoire de pensées et d’actions. Ceci nous place alors sur des trajectoires de croissance qui favorisent la construction de ressources personnelles durables6.

Enfin, pour ceux qui ressentent de l’anxiété de manière ponctuelle, une simple marche dans un parc peut être source d’apaisement7. Ce type de pratique pourrait même réduire certains symptômes dépressifs7.

Cognition est espaces naturels

Autre phénomène intéressant, la nature augmenterait notre flexibilité cognitive, notre mémoire de travail8 et notre attention1. Si le fait de passer du temps en forêt, en montagne ou dans un parc vous paraît superflu, sachez donc que votre productivité et votre capacité à résoudre des problèmes pourraient en tirer profit. Et si les bénéfices émotionnels de la nature perdent un peu en intensité en hiver, sachez que ce n’est pas le cas pour l’aspect cognitif8.

Il est aussi important d’être précis sur un point : ce n’est pas l’environnement urbain qui dégrade les performances la plupart du temps, mais l’environnement naturel qui les améliore8 en réduisant notre fatigue cognitive1. Pour le moment, les scientifiques expliquent ces effets cognitifs par les différences physiques qui existent entre les environnements naturels et les espaces urbains. En ville, le paysage est composé de lignes droites et de formes très différentes de celles que l’on retrouve dans la nature. Ce sont ces aspects visuels sui seraient à l’origine des bénéfices liés aux espaces verts8. L’aspect visuel n’est toutefois pas la seule modalité sensorielle pour laquelle les choses diffèrent. Au niveau sonore, il y aurait aussi des aspects distinctifs entre les deux types d’environnements, même si cela a moins d’impact sur les performances8.

Un effet sur les relations

Au-delà de ces conséquences sur les individus, le fait de se connecter davantage à la nature augmente également le sentiment d’appartenance. Cela se produit notamment lorsqu’on interagit socialement dans un espace naturel, plutôt que dans un espace artificiel5.

Plus fort encore, une étude américaine de 19989 s’est penchée sur cette question en étudiant des quartiers HLM de Chicago. Dans cette recherche, les gens étaient assignés au hasard dans telle ou telle tour, en fonction de listes d’attente. Certains logements jouxtaient une place sans végétation alors que d’autres étaient construits autour d’un espace avec gazon et arbres. Sans trop rentrer dans les détails, sachez que plus il y a de végétation dans les espaces communs, et plus les liens sociaux sont forts : plus d’entraide, plus de sécurité, plus de générosité. Tout cela grâce à un simple espace vert !

7 effets de la nature résumés sous formes d'icônes

Enfin, plus une personne passe du temps dans la nature, plus cela développe les attitudes pro-environnementales (volonté de réaliser des actions durables ; préoccupations quant à l’impact négatif du comportement humain sur l’environnement)1. Passer du temps dans la nature nous fait donc du bien tout en nous poussant à protéger davantage notre planète.

 

D’où viennent les bénéfices de la nature ?

Les êtres humains sont des animaux. Notre héritage génétique porte donc en lui ce lien avec les espaces naturels : l’attirance pour la nature peut être comprise via notre histoire évolutive. La survie de nos ancêtres était d’ailleurs fortement liée au fait de repérer certains éléments dans la nature. Être capable d’identifier ces indices procurait un avantage en termes de survie1. En tant qu’espèce, nous avons par ailleurs passé quasiment tout notre temps dans des environnements naturels et n’avons migré vers des espaces artificiels que très récemment. Il est donc assez logique que le besoin de nous connecter à la nature soit encore présent dans nos cerveaux.

Bien sûr, si notre éloignement des environnements naturels a un impact négatif sur notre bien-être émotionnel1, cela ne doit pas nous faire oublier les avantages que nous apportent l’urbanisation. Sécurité, confort et santé sont historiquement assez liés au fait de vivre en ville.

Bien entendu, l’effet de la connexion à la nature varie aussi d’un individu à l’autre. Le fait d’avoir une plus forte propension à cette connexion serait liée à des différences de personnalité, d’attitudes et de comportements. Ceux qui ont une connexion à la nature élevée sont ainsi plus consciencieux, extravertis, agréables et ouverts (il s’agit ici de traits de personnalité du Big Five, modèle majoritairement utilisé en psychologie). Selon votre tendance personnelle, vous pourriez donc tirer encore plus de bénéfices du temps passé dans des espaces verts.

Les mécanismes explicatifs

Au-delà de l’aspect “évolution”, il existe de nombreuses voies par lesquelles la nature nous apporte ses bienfaits5. Les 4 grands vecteurs qu’on peut identifier sont les suivants :

  • La forme et les aspects physiques et sensoriels. Via les aspects perçus par nos sens, la nature modifie nos émotions et peut évoquer des souvenirs. C’est aussi via cet aspect que la nature influencerait positivement notre cognition.
  • Les pratiques culturelles. Les interactions sociales sont renforcés dans les cadres naturels. Par ailleurs, des pratiques ludiques dans de tels environnements peuvent procurer un certain nombre de bénéfices psychologiques.
  • Les pratiques intellectuelles. Toutes les activités éducatives ou scientifiques liées à la nature peuvent elles aussi être à l’origine de certains des bénéfices identifiés par la recherche.
  • Les pratiques spirituelles. Ces dernières ont un impact significatif sur le bonheur. Dans certaines cultures, religions ou spiritualités, la connexion à la nature joue un rôle central. Les expériences réalisées dans ce cadre procurent alors un ensemble de bénéfices émotionnels liés au bonheur eudémonique (le sens qu’a notre vie pour nous).

 

3 actions pour se mettre au vert

Si tout cela vous donne une furieuse envie d’aller courir sur la plage ou de faire une sieste au pied d’un arbre, sachez qu’il existe plusieurs manières de tirer parti de la nature pour vous sentir mieux. Voyons quelques pistes ensemble.

Être pleinement conscient

Pour maximiser le temps passé dans un espace vert, n’hésitez pas à appliquer quelques principes de la pleine conscience. La pleine conscience est décrite comme un processus intentionnel qui consiste à prêter attention au moment présent sans jugement. C’est à la fois un état et une disposition6. Les gens qui se sentent plus connectés à la nature présentent justement un certain nombre de comportements relevant de la pleine conscience. En clair, prenez le temps de vous concentrer sur vos sens pendant votre prochaine balade (vue, odeurs, bruits, sensations kinesthésiques, etc.). Tentez de savourer l’instant au maximum.

Faire du sport

Vous connaissez les avantages de la pratique sportive régulière sur le stress, la dépression et l’anxiété10, en plus de ses effets sur la santé et la cognition. Alors pourquoi ne pas pratiquer une activité sportive dans la nature pour cumuler plusieurs effets positifs ? Optez pour ce qui vous paraît être le plus faisable.  Inutile de tomber dans l’excès et d’abandonner après une seule session. Vous pouvez très bien aller faire une marche de 15 minutes dans un parc3 ou en forêt11,7. Bien sûr vous pouvez aussi aller courir, faire du vélo, ou pratiquer un sport collectif en extérieur. La jardinage est également une option intéressante si vous disposez d’un terrain ou d’un accès à des jardins ouvriers/familiaux.

Faire rentrer la nature chez soi

Si vous avez difficilement accès à des espaces verts au quotidien, pensez aussi à faire rentrer la nature chez vous ou au bureau. En effet, les plantes ont un impact positif sur l’humeur, le stress et l’efficacité au travail !12

Résumer des trois pistes pour tirer parti des bénéfices de la nature

 

Conclusions

Au-delà même des questions environnementales, il semble donc essentiel de remettre un peu de nature dans nos vies, et plus largement dans les espaces urbains. En plus de rendre les villes plus supportables en été, les espaces naturels nous apportent de bénéfices émotionnels, cognitifs et sociaux. La nature peut même être une source de bonheur et d’épanouissement personnel.

Bien sûr, si vous avez la phobie de certains animaux, cela peut être problématique. Mais les dangers liés à la nature peuvent être circonscrits à certains espaces, et les points positifs sur notre santé mentale dépassent largement les éventuels éléments négatifs qu’on pourrait y rencontrer au quotidien5.

Cela ne signifie pas pour autant que tous les environnements naturels sont intrinsèquement “bons” et que tous les environnements urbains sont fondamentalement “mauvais”. Mais comme il semble de plus en plus que l’exposition à la nature provoque des bénéfices cognitifs, cela doit nous inspirer à concevoir différemment nos espaces de vie afin d’améliorer notre fonctionnement psychologique au sens large.

Enfin, comme passer plus de temps dans la nature favorise les comportements pro-environnementaux13, se mettre au vert constitue donc un véritable acte citoyen. Alors, que faites-vous encore derrière votre écran ? 😉

 

Références

Voir les références
  1. Capaldi, C. A., Dopko, R. L., & Zelenski, J. M. (2014). The relationship between nature connectedness and happiness : A meta-analysis. Frontiers in Psychology, 5. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2014.00976
  2. Ballew, M. T., & Omoto, A. M. (2018). Absorption : How Nature Experiences Promote Awe and Other Positive Emotions. Ecopsychology, 10(1), 26‑35. https://doi.org/10.1089/eco.2017.0044
  3. Bowler, D. E., Buyung-Ali, L. M., Knight, T. M., & Pullin, A. S. (2010). A systematic review of evidence for the added benefits to health of exposure to natural environments. BMC Public Health, 10(1), 456. https://doi.org/10.1186/1471-2458-10-456
  4. Yao, W., Zhang, X., & Gong, Q. (2021). The effect of exposure to the natural environment on stress reduction : A meta-analysis. Urban Forestry & Urban Greening, 57, 126932. https://doi.org/10.1016/j.ufug.2020.126932
  5. Huynh, L. T. M., Gasparatos, A., Su, J., Dam Lam, R., Grant, E. I., & Fukushi, K. (2022). Linking the nonmaterial dimensions of human-nature relations and human well-being through cultural ecosystem services. Science Advances, 8(31), eabn8042. https://doi.org/10.1126/sciadv.abn8042
  6. Sadowski, I., Böke, N., Mettler, J., Heath, N., & Khoury, B. (2022). Naturally mindful? The role of mindfulness facets in the relationship between nature relatedness and subjective well-being. Current Psychology, 41(8), 5358‑5373. https://doi.org/10.1007/s12144-020-01056-w
  7. Kotera, Y., Lyons, M., Vione, K. C., & Norton, B. (2021). Effect of Nature Walks on Depression and Anxiety : A Systematic Review. Sustainability, 13(7), 4015. https://doi.org/10.3390/su13074015
  8. Schertz, K. E., & Berman, M. G. (2019). Understanding Nature and Its Cognitive Benefits. Current Directions in Psychological Science, 28(5), 496‑502. https://doi.org/10.1177/0963721419854100
  9. Kuo, F. E., Sullivan, W. C., Coley, R. L., & Brunson, L. (1998). Fertile Ground for Community : Inner-City Neighborhood Common Spaces. American Journal of Community Psychology, 26(6), 823‑851. https://doi.org/10.1023/A:1022294028903
  10. Singh, B., Olds, T., Curtis, R., Dumuid, D., Virgara, R., Watson, A., Szeto, K., O’Connor, E., Ferguson, T., Eglitis, E., Miatke, A., Simpson, C. E., & Maher, C. (2023). Effectiveness of physical activity interventions for improving depression, anxiety and distress : An overview of systematic reviews. British Journal of Sports Medicine, bjsports-2022-106195. https://doi.org/10.1136/bjsports-2022-106195
  11. Grassini, S. (2022). A Systematic Review and Meta-Analysis of Nature Walk as an Intervention for Anxiety and Depression. Journal of Clinical Medicine, 11(6), 1731. https://doi.org/10.3390/jcm11061731
  12. Nieuwenhuis, M., Knight, C., Postmes, T., & Haslam, S. A. (2014). The relative benefits of green versus lean office space : Three field experiments. Journal of Experimental Psychology: Applied, 20(3), 199‑214. https://doi.org/10.1037/xap0000024
  13. Whitburn, J., Linklater, W., & Abrahamse, W. (2020). Meta‐analysis of human connection to nature and proenvironmental behavior. Conservation Biology, 34(1), 180‑193. https://doi.org/10.1111/cobi.13381
Bastien Wagener
WRITTEN BY

Bastien Wagener

Docteur en psychologie, je suis passionné à la fois par le développement personnel, mais aussi par la recherche sur les capacités et potentialités incroyables de l’être humain !
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