Apprécier le positif dans sa propre vie n’est pas toujours facile. Alors quand il s’agit de celle des autres, cela peut être encore plus compliqué. Les bonnes nouvelles qui concernent la vie d’autrui peuvent nous renvoyer à nos propres difficultés, surtout si l’on a un biais de négativité bien développé.
Pourtant, le bonheur passe d’abord par les émotions positives. Nos relations et le positif que nous ressentons pour et avec les autres est essentiel à notre épanouissement. De plus, cette empathie positive est une source de satisfaction assez facile à cultiver. Dans cet article, je vous propose un test pour vous situer sur le sujet, mais aussi 3 outils pour développer ce type d’empathie.
Qu’est-ce que l’empathie positive ?
L’empathie positive est une capacité que nous possédons tous, à des degrés divers. Il s’agit de notre capacité à partager, célébrer et apprécier les émotions positives des autres1. Quand on fait preuve de ce type d’empathie, on adopte la perspective d’autrui et on ressent la joie ou le bonheur qu’il éprouve1. Cela est à la fois une capacité qu’on peut développer et une tendance (un trait de personnalité) plus ou moins forte à réagir positivement à l’expression d’émotions positives chez une tierce personne2.
Le fait d’imaginer, de se rappeler, d’observer ou d’apprendre que les autres ont eu des résultats positifs peut déclencher cette empathie. Elle peut dès lors être vécue3 :
- En tant qu’observateur non impliqué (ex :voir quelqu’un gagner à la loterie).
- Lorsqu’on interagit avec les autres (ex : apprendre une bonne nouvelle pour quelqu’un en étant en sa présence).
- En créant une expérience positive pour quelqu’un d’autre (ex : offrir un cadeau).
Cette “joie empathique” n’est donc pas limitée aux proches et peut concerner des personnes très distantes, réelles ou fictives, des individus ou des groupes3. Il est important de souligner qu’elle contribue aussi à renforcer les relations3. Toutefois, cette dimension va au-delà du simple ressenti des émotions d’autrui.
Les deux types d’empathie positive
En réalité, il existe deux catégories d’empathie positive, qui constituent, ensemble, le cœur de cette dimension4 :
- Le réconfort empathique. Dans ce cas, il s’agit d’exprimer des émotions positives en présence d’une personne qui fait l’expérience d’un état émotionnel négatif. L’objectif est alors de soulager et de réduire l’émotion négative de cette personne en catalysant un état émotionnel positif chez elle. On cherche ici à créer une expérience positive chez l’autre3.
- Le bonheur empathique. C’est cet aspect qui est le plus souvent évoqué lorsqu’on parle d’empathie positive. Il fait référence à l’expérience vicariante du plaisir et des émotions positives. On partage et on ressent le bonheur de l’autre (ex : partager la joie du couple à un mariage, etc.).
Les effets de l’empathie positive
Lorsque notre niveau d’empathie positive est faible, cela peut être un signe précurseur de symptômes dépressifs4. À l’inverse, une empathie positive bien développée est un véritable lubrifiant social qui procure un certain nombre de bénéfices :
- Davantage de bonheur et de satisfaction dans la vie5
- De meilleures relations et connexions sociales6
- Une plus grande satisfaction au travail7
- Davantage de comportements prosociaux (ex : dépenser pour les autres, fournir un soutien émotionnel, comportements d’aide, générosité, etc.)8
Pour faire simple, l’empathie positive nous aide à capitaliser sur les réussites et ainsi à progresser. C’est donc une dimension à cultiver si on souhaite améliorer son quotidien et celui de ses proches.
Mesurer l’empathie positive
Il existe depuis peu une échelle validée permettant de tester le niveau d’empathie positive des individu : la PES-15 (“Positive Empathy Scale”)4. Ce test n’ayant pas encore été validé en français, la version que je vous propose est une traduction “maison” , avec toutes les limites que cela implique.
Mesurez votre niveau d'empathie positive 📏🥰 Share on X
Développer l’empathie positive
Quel que soit votre niveau actuel d’empathie positive, de multiples actions et pratiques peuvent vous aider à la développer. Je vous propose ci-dessous trois outils, que vous pouvez compléter par les pistes évoquées dans cet autre article du blog.
Se remémorer des expériences passées
Une manière simple de travailler sur l’empathie positive est de raviver des souvenirs positifs. L’idée est de se rappeler de moments où l’on a partagé le bonheur de quelqu’un d’autre. Pour vous aider, vous pouvez vous poser les questions suivantes :
- Quand avez-vous fait l’expérience de la joie empathique pour la dernière fois ?
- Où ?
- Avec qui ?
- Est-ce que la ou les personnes concernées ont senti que vous partagiez leur joie ?
Vous pouvez également adapter ces questions pour vous focaliser sur le réconfort empathique.
En faisant ce travail régulièrement, on s’entraîne à repérer le positif autour de soi. Cela permet de corriger notre biais de négativité, assez ancré culturellement. Dans le même état d’esprit, l’exercice des 3 choses positives par jour permet aussi de lutter contre ce biais.
Aller chercher le positif autour de soi
Pour aller encore plus loin et rendre vos journées plus agréables, il est possible d’aller chercher le positif de manière proactive. Pour ce faire, demandez à un proche, un collègue ou une connaissance de vous parler d’une chose positive qui s’est passée dans sa journée. Peu importe le type d’événement ou son importance. Tant que cela est positif et que la personne interrogée est prête à en parler, c’est parfait.
Pendant que votre interlocuteur partage son expérience, restez proactif :
- Maintenant un contact oculaire régulier pour manifester votre intérêt.
- Exprimez des émotions positives en souriant, voire en vous réjouissant ostensiblement (si c’est pertinent et adapté).
- Faites des commentaires enthousiastes (ex : “c’est super” ; “tu dois être si content” ; “ton travail paye enfin”; etc.).
- Posez des questions constructives pour en apprendre plus sur l’événement. Demandez davantage de détails, questionnez sur les causes de l’événement, les émotions ressenties, etc.
- Évoquez les implications positives et les bénéfices potentiels de l’événement.
Avant de se lancer dans cet exercice, on a souvent peur que cela sonne faux. Néanmoins, une fois dans la conversation, la plupart des personnes trouvent l’interaction tout à fait naturelle. Si vous avez peur de vous lancer, commencez par des événements positifs qui font écho chez vous. Vous aurez ainsi plus de facilités à vous intéresser immédiatement au discours de votre interlocuteur.
Méditer pour développer l’empathie positive
Le dernier outil que je vous propose est une pratique méditative. Il est plus intéressant de la mettre en place en début de journée, mais vous pouvez tout à fait la réaliser le midi ou avant de vous coucher le soir. Voici les étapes à respecter :
- Installez vous confortablement et fermez les yeux. Prenez trois respirations profondes, en suivant mentalement le chemin de l’air dans votre corps. Focalisez vous ensuite simplement sur votre respiration pendant quelques instants, alors que vous inspirez et expirez à un rythme naturel.
- Pensez à quelqu’un que vous aimez, que vous appréciez sincèrement. Relaxez vous en pensant à cette personne. Invoquez des souvenirs d’elle dans ses meilleurs moments : alors qu’elle aidait quelqu’un, ou vous-même. Dans votre esprit, vous pouvez alors vous dire : “je suis si heureux de te connaître, tu m’inspires”. Prenez quelques instants pour savourer ces sentiments réconfortants.
- Activez une image mentale de vous, au “top”. Rappelez vous d’une chose que vous avez faite en tant qu’enfant et qui vous fait sourire. Une fois que vous avez “réchauffé votre cœur” avec ce souvenir, rappelez vous de quelque chose de bon que vous avez fait récemment. Recréez les circonstances de manière vivace dans votre esprit, et appréciez votre propre bonté.
- Laissez ces images se dissiper. Identifiez une action de bonté d’un étranger envers une tierce personne dont vous avez été témoin. Qu’admirez vous à propos de cette action ? Si cette personne était en face de vous, comment pourriez vous lui manifester votre appréciation ?
- Ramenez votre esprit sur une personne avec laquelle vous n’êtes pas en phase actuellement. Cette dissension la peut faire suite à une dispute, ou être relative à une irritation plus générale envers cet individu. Écartez doucement ces sentiments négatifs et imaginez cette personne faire preuve de gentillesse. Ceci peut prendre la forme d’une action tout à fait anodine, de faible ampleur. Si rien ne vous vient à l’esprit, imaginez cette personne faire preuve de bonté en tant qu’enfant si nécessaire. Remerciez-la pour sa bonté.
- Dirigez désormais votre attention vers votre poitrine. Prêtez attention aux sentiments positifs que vous avez générés pendant la méditation. Etendez-les à tous les êtres vivants dans le monde. Vous pouvez souhaiter que chacun fasse l’expérience de la joie et vive son plus haut potentiel afin d’être la personne la plus aimante possible.
- Recentrez vous sur votre respiration pendant un moment. Observez l’air rentrer et sortir de votre corps. En outrant les yeux, fixez vous l’objectif de repérer les positif pendant la journée à venir.
Conclusion
Des décennies de recherche scientifique le soulignent : le bonheur passe aussi – voire beaucoup – par les autres. L’empathie (et plus largement l’intelligence émotionnelle) est une dimension à développer pour éprouver plus de joie au quotidien.
En partageant le positif des autres et en les aidant à en ressentir davantage, tout le monde y gagne. Aussi, quelle que soit votre situation actuelle en termes d’empathie positive, n’hésitez pas à la cultiver. Vous et vos proches y gagnerez. Qui sait, ce sera peut-être même le début de belles relations !
Références
Voir les références
- Pittinsky, T. L., & Montoya, R. M. (2016). Empathic Joy in Positive Intergroup Relations : Empathic Joy. Journal of Social Issues, 72(3), 511‑523.
- Telle, N.-T., & Pfister, H.-R. (2016). Positive Empathy and Prosocial Behavior : A Neglected Link. Emotion Review, 8(2), 154‑163.
- Morelli, S. A., Lieberman, M. D., & Zaki, J. (2015b). The Emerging Study of Positive Empathy : Positive Empathy. Social and Personality Psychology Compass, 9(2), 57‑68.
-
Light, S. N., Moran, Z. D., Zahn-Waxler, C., & Davidson, R. J. (2019). The Measurement of Positive Valence Forms of Empathy and Their Relation to Anhedonia and Other Depressive Symptomatology. Frontiers in Psychology, 10, 815.
- Zeng, X., Liao, R., Zhang, R., Oei, T. P. S., Yao, Z., Leung, F. Y. K., & Liu, X. (2017). Development of the Appreciative Joy Scale. Mindfulness, 8(2), 286‑299.
- Andreychik, M. R. (2017). I like that you feel my pain, but I love that you feel my joy : Empathy for a partner’s negative versus positive emotions independently affect relationship quality. Journal of Social and Personal Relationships, 36(3), 834‑854.
- Andreychik, M. R. (2019). Feeling your joy helps me to bear feeling your pain : Examining associations between empathy for others’ positive versus negative emotions and burnout. Personality and Individual Differences, 137, 147‑156.
- Andreychik, M. R., & Lewis, E. (2017). Will you help me to suffer less? How about to feel more joy? Positive and negative empathy are associated with different other-oriented motivations. Personality and Individual Differences, 105, 139‑149.
Merci pour cet article ! Avoir une empathy positive est vraiment quelque chose qui me fait défaut ! Je vais essayer les astuces que tu mets en avant dans cet article pour m’améliorer !
Merci beaucoup Xavier. N’hésite pas à partager ton retour d’expérience 😉
Merci d’être passé(e) sur le site et d’avoir pris le temps de lire cet article ! J’espère que vous l’avez apprécié.
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