Nous avons tous déjà souhaité être un peu plus sage afin de prendre de meilleures décisions. Même si cette vertu est discutée depuis des temps immémoriaux par les philosophes, la recherche scientifique n’a commencé à s’y intéresser que depuis quelques décennies seulement. L’investigation approfondie sur le sujet n’a quant à elle que quelques années, car la sagesse était considérée comme un concept trop complexe.
À l’instar du bonheur, on sait désormais mieux définir ce qu’est la sagesse et ce qu’elle implique. On a même développé un outil simple pour l’évaluer. Je vous propose de découvrir tout cela dans les prochains paragraphes.
Qu’est-ce que la sagesse ?
Aujourd’hui, on définit la sagesse comme la capacité à trouver des solutions pratiques, créatives, contextuellement pertinentes et émotionnellement satisfaisantes à des problèmes humains compliqués1. Si la sagesse partage un certain nombre de qualités avec l’intelligence et la spiritualité, ces trois concepts sont bien distincts. La vertu qui nous intéresse ici est vue comme un trait multidimensionnel qui est à la fois utile à l’individu et à la société1.
Les 7 composantes de la sagesse
Après plusieurs années d’investigation, les chercheurs ont identifié 7 composantes qui constituent la sagesse2. Cette dernière dépasse toutefois l’addition de celles-ci et constitue bien une dimension cohérente en tant que telle3. Je vous propose de découvrir ci-dessous ces 7 éléments au cœur de la sagesse2 :
- Introspection et réflexivité. Désir et capacité à se comprendre (motivations, pensées) et à comprendre ses propres actions de manière approfondie.
- Comportements prosociaux. Ces derniers incluent l’empathie, la compassion, l’altruisme et le sens de l’équité. Ils permettent notamment de maintenir des connexions sociales positives.
- Régulation émotionnelle. Il s’agit ici de la capacité à réguler les émotions négatives et le stress qui interfèrent avec la prise de décision. Réguler ses émotions implique aussi d’être capable de favoriser les émotions positives.
- Ouverture d’esprit et acceptation des perspectives divergentes. Faire preuve de cette qualité signifie qu’on accepte les valeurs et les perspectives qui divergent des nôtres et qu’on les approche avec curiosité.
- Prise de décision. Il ‘agit à la fois du fait d’être à l’aise avec la prise de décision d’une manière générale, mais aussi d’être capable de prendre de se décider dans un temps raisonnable.
- Conseil social. Capacité à donner de bons conseils aux autres.
- Spiritualité. La spiritualité inclut la connexion à soi, à la nature ou à quelque chose de transcendant (l’âme, Dieu, etc.). “Spirituel” ne signifie pas “religieux”, même si ces deux aspects peuvent être liés.
Les dimensions qui comptent le plus dans la sagesse sont les comportements prosociaux, la régulation émotionnelle et le conseil social. L’introspection, l’ouverture d’esprit et la capacité à prendre des décisions sont un peu moins centrales, mais restent essentielles à la sagesse. La spiritualité, ajoutée récemment à la définition de la sagesse4, a un impact moindre sur le niveau de sagesse global, mais reste une dimension significative.
Les effets de la sagesse
Même si on peut tous s’accorder sur le fait que la sagesse est une vertu en soi, il est tout de même intéressant de noter qu’elle a des effets positifs sur la santé et le bien-être d’une manière générale.
Les études récentes établissent en effet un lien entre cette dernière et la satisfaction dans la vie, la santé et le bien-être psychologique1,4. Elle semble également liée à la résilience et au bonheur. Comme les personnes âgées ont d’une manière générale une meilleure régulation émotionnelle, plus de réflexivité et une meilleure capacité à maintenir des relations positives1, leur niveau de sagesse semble plus élevé. Il existe cependant des études contradictoires sur ce lien entre sagesse et âge3. Il convient donc de rester prudent sur ce point précis.
Enfin, on observe à l’inverse un lien négatif entre sagesse et solitude, dépression et anxiété2,4. Cela signifie qu’on a plus de chance d’être anxieux ou déprimé lorsque notre sagesse est faible (en inversement).
La sagesse est donc utile d’un point de vue autant personnel autant que sociétal. Quand on est plus sage, on est plus épanoui et on peut se rendre plus utile aux autres. Il semble donc intéressant de favoriser le développement des dimensions qui la composent dès le plus jeune âge1.
Évaluez votre niveau de sagesse
Il existe depuis peu une échelle validée permettant de tester la sagesse des individus, la SD-WISE (San Diego Wisdom Scale)3. Dans sa dernière version, elle inclut une nouvelle sous-dimension : la spiritualité4. Malheureusement, ce test n’a pas encore été traduit en français. Je vous propose donc une traduction personnelle de cette échelle, avec toutes les limites que cela implique.
Sachez qu’il existe également une version abrégée de cette échelle2. Si elle raccourcit drastiquement le temps de passation, elle ne permet pas d’évaluer finement chaque sous-dimension de la sagesse. C’est pourquoi j’ai préféré vous proposer la version complète de l’échelle dans cet article.
Conclusions
La sagesse, une des 6 grandes vertus identifiées par Peterson & Seligman dans leur approche des forces de caractère, commence à être étudiée de manière ciblée. C’est une qualité importante, qui n’implique ni de se retirer de la vie, ni de bannir la spontanéité ou la prise de risque. Grâce à des travaux de plus en plus nombreux, on en saisit aujourd’hui mieux les contours et l’impact dans notre quotidien. En passant le test scientifique proposé dans cet article, vous avez d’ailleurs peut-être découvert des points d’amélioration vous concernant.
Si on ne dispose pas encore d’interventions globales bien identifiées pour devenir plus sage, on sait déjà comment agir sur certaines sous-dimensions de la sagesse. On dispose par exemple d’outils pour améliorer la réflexivité, l’autorégulation, l’ouverture d’esprit ou les comportements prosociaux comme l’empathie et l’altruisme.
Alors, même s’il n’est jamais évident de prendre les meilleures décisions en toutes circonstances, commençons déjà par nous ouvrir à l’altérité et rester curieux. L’essentiel est de progresser. C’est comme ça qu’on s’assure de devenir un peu plus sage au fil du temps !
Références
Voir les références
- Jeste, D. V., & Lee, E. E. (2019). The Emerging Empirical Science of Wisdom : Definition, Measurement, Neurobiology, Longevity, and Interventions. Harvard Review of Psychiatry, 27(3), 127‑140.
- Thomas, M. L., Palmer, B. W., Lee, E. E., Liu, J., Daly, R., Tu, X. M., & Jeste, D. V. (2021). Abbreviated San Diego Wisdom Scale (SD-WISE-7) and Jeste-Thomas Wisdom Index (JTWI). International Psychogeriatrics, 1‑10.
- Thomas, M. L., Bangen, K. J., Palmer, B. W., Sirkin Martin, A., Avanzino, J. A., Depp, C. A., Glorioso, D., Daly, R. E., & Jeste, D. V. (2019). A new scale for assessing wisdom based on common domains and a neurobiological model : The San Diego Wisdom Scale (SD-WISE). Journal of Psychiatric Research, 108, 40‑47.
- Jeste, D. V., Thomas, M. L., Liu, J., Daly, R. E., Tu, X. M., Treichler, E. B. H., Palmer, B. W., & Lee, E. E. (2021). Is spirituality a component of wisdom? Study of 1,786 adults using expanded San Diego Wisdom Scale (Jeste-Thomas Wisdom Index). Journal of Psychiatric Research, 132, 174‑181.
Merci d’être passé(e) sur le site et d’avoir pris le temps de lire cet article ! J’espère que vous l’avez apprécié.
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