Là où l’optimiste voit le verre à moitié plein, le pessimiste constate voit le verre à moitié vide. Cette image, bien que très répandue, est pourtant une synthèse très approximative de ces deux visions du monde.
En effet, l’optimisme et le pessimisme sont avant tout des façons d’anticiper du futur. L’optimiste s’attend à ce que les choses se déroulent au mieux, alors que le pessimiste lui, s’attendra toujours à ce qu’il y ait des embûches. Quelle que soit la vision de l’avenir adoptée, elle peut par ailleurs être totalement pragmatique et réaliste, ou basée sur des fantasmes. Les comportements qui s’en suivent peuvent alors, quand cette vision n’est pas réaliste, mener un optimiste à sa perte par excès de confiance et un pessimiste à un immobilisme mortifère.
Tout n’est donc pas aussi simple qu’il n’y paraît. Néanmoins, le fait d’être optimiste présente tout de même de nombreux avantages. Mais pas sous n’importe quelles conditions.
Qu’est-ce que l’optimisme ?
Être optimiste, c’est croire en la capacité de tout un chacun de développer de nouvelles compétences et d’évoluer. Cet état d’esprit de développement élargit les horizons. Il permet d’envisager de nouvelles possibilités, et de trouver des issues dans les moments difficiles. La notion d’optimisme fait ainsi globalement référence aux attentes positives de l’individu. Ces attentes positives peuvent s’exprimer uniquement dans certaines situations (optimisme situationnel) ou de manière générale dans la vie (optimisme comme “trait de caractère”)1. Après avoir étudié des jumeaux monozygotes (“vrais” jumeaux), les chercheurs ont pu estimer qu’environ 25% de l’optimisme serait expliqué par la génétique2. Les expériences personnelles et l’imitation des parents ou d’autres personnes prises comme modèles expliquent le reste.
En résumé, les personnes optimistes présentent ces 3 caractéristiques :
- Penser qu’elles possèdent les compétences suffisantes pour parvenir à leurs fins (ou qu’elles peuvent les acquérir).
- Croire qu’elles sont en mesure d’obtenir le soutien nécessaire pour atteindre leurs objectifs.
- Une croyance que la chance pourra survenir et leur permettre d’aboutir à un résultat positif.
L’optimisme constructif (ou réaliste)
Comme précisé en début de billet, tous les optimismes ne se valent pas. Être optimiste sans aucun ancrage dans la réalité ou s’en remettre uniquement à sa bonne étoile n’a aucun impact positif à long-terme. L’optimisme tel que défini ici – et étudié dans la recherche – est un optimisme constructif (aussi appelé optimisme réaliste). La manière dont les scientifiques définissent l’optimisme n’est donc pas synonyme d’enthousiasme excessif ou de déni de la réalité.
L’optimisme constructif se rapproche ainsi d’un sentiment d’efficacité personnel global fort, et est associé à une bonne attribution des événements. C’est-à-dire que la personne est capable d’assumer ce qui relève de sa responsabilité, que ce soit dans ses réussites ou pour ses échecs, mais aussi de reconnaître ce qui relève de circonstances incontrôlables.
En clair, les optimistes constructifs acceptent la réalité, effectuent les démarches nécessaires pour résoudre leurs problèmes et trouvent des solutions pour améliorer leur sort. Les optimistes sont totalement engagés dans leur vie : ils donnent le meilleur d’eux-mêmes et persévèrent dans l’adversité3.
L’optimisme dans les forces de caractère
Du point de vue des forces de caractère enfin, l’optimisme est la capacité à voir le potentiel positif dans la vie. C’est une forme d’enthousiasme concernant l’avenir, associée à l’envie de faire du monde un endroit meilleur. Les gens qui présentent cette force ont tendance à faire des plans, à se fixer des objectifs. Le négatif est alors perçu comme transitoire. Les optimistes sont donc convaincus de leur capacité à avoir un impact positif sur le monde, et agissent en ce sens.
Les effets positifs de l’optimisme
L’optimisme constructif, en tant que trait de personnalité, est corrélé à de nombreux indicateurs de santé physique et mentale. Une personne optimiste présente ainsi globalement moins de symptômes dépressifs, est en meilleure santé, éprouve plus de bien-être et utilise des stratégies d’adaptation plus efficaces qu’un pessimiste4. Pour toutes ces raisons, l’optimiste se sentira mieux que le pessimiste2 en période de stress. Avec ses meilleures stratégies de gestion du stress, il est plus à même de passer les périodes difficiles de manière plus sereine. De la même manière, les optimistes récupèrent d’ailleurs plus vite que les pessimistes après une intervention chirurgicale.
Les personnes qui sont plus optimistes récoltent les fruits de cette vision du monde dans de nombreux domaines, qu’on peut résumer en quelques points1 :
- Obtention de plus de bénéfices sociaux (relations de couple plus stables, plus d’amis, plus de soutien, des interactions plus riches).
- Performances professionnelles accrues (plus grande créativité, productivité plus élevée, travail de meilleure qualité et revenus plus élevés).
- Niveaux d’énergie et d’activité plus importants, et plus expérience de flux plus fréquentes.
- Meilleur self-contrôle, plus grande résilience et auto-régulation plus efficace.
- Meilleur système immunitaire, espérance de vie plus importante et santé mieux préservée en fin de vie.
En clair, il y a de nombreux avantages à voir les choses avec optimisme.
Le pessimisme peut-il tout de même présenter un intérêt ?
Tout d’abord, l’optimisme et le pessimisme ne sont pas nécessairement les deux extrêmes d’une dimension uniforme. Par ailleurs, un optimiste n’est pas tout le temps positif et enjoué, tout comme un pessimiste ne sera pas toujours en train de broyer du noir. Il s’agit ici de tendances, les événements peuvent bien sûr altérer et mettre à mal ces visions du monde de temps à autres.
Néanmoins, le pessimisme peut aussi être constructif, notamment ce que l’on nomme le “pessimisme défensif” . Celui-ci consiste à anticiper le négatif pour y remédier. Mais ce pessimisme défensif n’est pas pour autant plus efficace que l’optimisme constructif d’une manière globale, car il n’a pas ses avantages en termes de santé mentale et de bien-être. Il sera simplement plus avantageux uniquement lorsqu’il s’agira d’anticiper les obstacles et d’élaborer des stratégies pour les contourner.
Un test pour évaluer votre tendance générale à l’optimisme
Même si vous devez avoir une idée de votre tendance à l’optimisme, rien ne vaut un test précis. Depuis maintenant une trentaine d’années, des chercheurs ont développé des instruments pour évaluer la tendance des individus à l’optimisme “réaliste”. Le questionnaire le plus utilisé, le Life Orientation Test-Revised ou LOT-R a été traduit et adapté en français assez récemment1,3. C’est cette échelle que je vous propose d’utiliser ci-dessous :
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Source : Version française du “Life Orientation Test – Revised”
Des pistes pour agir
Vous en savez désormais plus sur l’optimisme, mais aussi sur votre tendance personnelle. Vous n’avez pas un score proche de 100 ? Rien de grave, il est toujours possible d’agir pour aller un peu plus vers une vision du monde optimiste et réaliste.
En effet, même si la tendance à l’optimisme ou au pessimisme sont des traits de personnalité plutôt stables, il est possible de changer. Les thérapies cognitives et comportementales qui consistent à analyser objectivement les sources des réussites et des échecs d’un individu permettent par exemple de faire ce travail2. Plutôt que de partir tout de suite en thérapie, vous pouvez aussi chercher à éviter les comparaisons sociales et à identifier activement le positif dans votre vie. Ces attitudes permettent en effet de développer l’optimisme5. De même, en travaillant sur la confiance en soi, le sentiment d’efficacité personnelle, en apprenant à gérer son stress et en étant mieux organisé, on peut augmenter son optimisme4.
Si vous souhaitez augmenter votre niveau d’optimisme constructif, vous pouvez donc utiliser les démarches suivantes :
- Suivez les pistes proposées ici pour développer votre sentiment d’efficacité personnel.
- Apprenez à gérer votre stress avec ces approches ou celles-ci.
- Organisez-vous avec la méthode GTD.
- Menez l’enquête en rassemblant les faits afin d’identifier les causes objectives de vos réussites et de vos échecs dans un journal de bord.
- Recherchez le positif dans votre vie avec la technique des 3 choses positives par jour.
Conclusions
Dans l’ensemble, l’optimisme est donc une bonne chose. Mais attention, “trop” d’une bonne chose est souvent contre-productif. Être optimiste sans ancrage dans la réalité peut mener à des comportements risqués (notamment lorsqu’il s’agit de jeu d’argent)4, et peut conduire à une obstination inutile dans des situations qui ne peuvent objectivement pas avoir d’issues favorables.
Quand les risques sont grands et le danger réel, un peu de pessimisme défensif permet de désamorcer des pièges tout à fait concrets. Le mieux est donc de ne pas être dans un optimisme rigide, mais constructif, tout en étant capable d’utiliser le pessimisme à bon escient pour anticiper les obstacles sur notre route.
Références
Voir les références
- Shankland, R., & Martin-Krumm, C. (2012). Évaluer le fonctionnement optimal : Échelles de psychologie positive validées en langue française. Pratiques Psychologiques, 18(2), 171‑187.
- Scheier, M. F., & Carver, C. S. (1993). On the Power of Positive Thinking: The Benefits of Being Optimistic. Current Directions in Psychological Science, 2(1), 26–30.
- Forgeard, M. J. C., & Seligman, M. E. P. (2012). Seeing the glass half full: A review of the causes and consequences of optimism. Pratiques Psychologiques, 18(2), 107–120.
- Trottier, C., Mageau, G., Trudel, P., & Halliwell, W.R. (2008). Validation de la version canadienne-française du Life Orientation Test-Revised. Canadian Journal of Behavioural Science, 40(4), 238-243.
- Lyubomirsky, S., Sheldon, K. M. & Schkade, D. Pursuing Happiness: The Architecture of Sustainable Change. Rev. Gen. Psychol. 9, 111–131 (2005).
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