On entend beaucoup parler d’assertivité dans le monde du travail et du développement professionnel, sans toujours savoir de quoi il s’agit. À ce concept désormais ancien, on préfère parfois les notions de confiance en soi, d’état d’esprit ou encore l’autorégulation. Aujourd’hui, on traite donc souvent d’assertivité sans nécessairement utiliser ce terme. L’assertivité a pourtant démontré sa pertinence et a permis de développer un certain nombre d’interventions cognitivo-comportementales. Elle est d’ailleurs toujours présente dans la culture populaire et fait progressivement son retour dans la recherche. Autant de raisons de s’y intéresser.
Qu’est-ce que l’assertivité ?
Le comportement assertif est défini comme n’importe quelle action qui reflète les meilleurs intérêts d’un individu. Cela inclut le fait de se défendre sans éprouver de l’anxiété, d’exprimer ses sentiments sereinement ou d’exercer ses droits sans nier ceux d’autrui1. L’assertivité concerne aussi nos réactions et la manière dont au juge nos comportements et ceux des autres.
Notons qu’à la différence de la confiance en soi qui met l’accent sur des mauvaises perceptions des compétences ou connaissances, l’assertivité met l’emphase sur les comportements interpersonnels (qui peuvent découler d’un excès ou d’un manque de confiance)2.
L’assertivité n’est en revanche pas quelque chose que l’on possède ou que l’on ne possède pas. Bien entendu, il est possible de manquer d’assertivité ou au contraire de faire preuve d’un excès en la matière. Et en fonction des situations, celle-ci peut varier en intensité. Quand on évite les besoins des autres ou les siens, on fait preuve de peu d’assertivité. Quand on est en compétition ou qu’on fait preuve d’agressivité, on est sur un haut niveau d’assertivité. C’est donc quand on exprime celle-ci de manière équilibrée qu’elle est réellement intéressante.
Quoi qu’il en soit, malgré les variations existantes d’une situation à l’autre, le niveau d’assertivité global d’un individu reste relativement stable2.
Les 4 capacités liées à l’assertivité
En résumé, on peut dire qu’une personne assertive fait preuve des 4 capacités suivantes1 :
- Être capable de communiquer ouvertement sur ses propres désirs et besoins.
- La capacité à dire non.
- La possibilité de communiquer ouvertement ses sentiments, que ceux-ci soient positifs ou négatifs.
- La capacité à établir aisément des contacts avec autrui (commencer, maintenir et terminer des conversations).
Ces compétences prennent leurs sources dans l’état d’esprit, les motivations, les attentes et objectifs que l’on se fixe, mais aussi dans notre efficacité en termes d’autorégulation2.
Les modèles mentaux comme base de l’assertivité
Contrairement à d’autres aspects des comportements ou capacités humaine, l’assertivité est donc un concept psychologique complexe, intimement lié aux croyances, aux pensées et aux émotions. Il y d’ailleurs assez peu de modèles théoriques de l’assertivité dans la littérature académique. L’approche privilégiée à ce jour est celle du modèle mental.
Ici, l’idée est que nous nous représentons les situations de manière plus ou moins consciente. Nous construisons des modèles mentaux différents en fonctions des contextes, de notre capacité d’autorégulation émotionnelle, de nos expériences passées, etc. Ce sont ces représentations qui nous permettent d’envisager l’issue d’une situation et de déterminer le niveau d’assertivité à adopter. En clair, nous “poussons” et nous insistons plus ou moins en fonction des conséquences que nous imaginons2.
Ainsi, avant d’agir, on imagine les conséquences de ses comportements :
- Si je suis très assertif, je pourrais peut-être conclure l’accord / obtenir ce que je veux.
- Si je suis peu assertif, je vais peut-être me faire “marcher dessus” .
Evidemment, ces modèles peuvent être faux ou inexacts. Le niveau optimal d’assertivité ne se détermine d’ailleurs pas dans l’absolu. Il dépend de la personne, de la situation et de l’expérience passée.
Le continuum d’assertivité
Comme les objectifs des autres ne sont pas toujours alignés avec les nôtres, on se questionne régulièrement sur le niveau d’assertivité dont on doit faire preuve pour arriver à ses fins. C’est là que la notion de continuum prend tout son sens pour définir ce concept. En effet, si on est dans l’excès d’assertivité, on s’oriente plutôt vers des comportements hostiles ou agressifs. Quand on est dans la sous-assertivité, ce sont les attitudes passives et excessivement conciliantes qui vont être mises en place2. En revanche, il faut noter que ce qui pourra être catégorisé comme un excès d’assertivité dans une situation pourra être tout à fait approprié dans un autre contexte.
Les problèmes ne surviennent donc que quand on est excessivement conciliant ou excessivement hostile. L’équilibre et le timing sont essentiels dans l’assertivité. Bien heureusement, tout le monde peut faire des progrès en la matière. Cette dimension peut se travailler via différentes approches1.
Les effets de l’assertivité
Vous l’aurez compris, l’assertivité est cruciale quand nos objectifs sont en compétition avec ceux des autres. Elle altère notre niveau de persévérance et varie avec le temps, le contexte et l’expérience2.
Comme beaucoup d’autre dimension, ses effets bénéfiques suivent une courbe en U inversé. Les conséquences sont plutôt négatives quand on verse dans les extrêmes et positive quand on agit de manière équilibrée. Dès que l’on rejoint les extrêmes du continuum de l’assertivité, cela peut mener à de la résistance, à des résultats insatisfaisants, à des émotions négatives, etc2.
Les conséquences d’une assertivité trop faible
Quand on manque d’assertivité, les conséquences sont les suivantes :
- Timidité dans les demandes, non satisfaction de ses besoins.
- La tendance à accommoder les contradicteurs peut aboutir à des compromis de moins bonne qualité pour toutes les parties impliquées (aspect contreproductif pour soi et les autres).
- Plus grand stress au travail, moins de promotions à cause de l’évitement des conflits.
Le manque d’assertivité est par ailleurs lié à l’anxiété qui conduit à des stratégies de sortie plus rapide dans des négociations2.
Les conséquences d’une assertivité trop élevée
L’excès d’assertivité n’est pas non plus souhaitable, puisque cela génère un certain nombre d’effets négatifs :
- Réactance de la part d’autrui (réaction de défense quand on sent sa liberté menacée).
- Conflits et moins bonnes relations au travail.
- Effet négatif sur le bien-être (stress).
- Obtention de moins bons résultats (résistances, blocages, représailles).
Comme pour le manque d’assertivité, faire preuve d’excès dans ce domaine est souvent lié à un manque d’autorégulation des émotions2.
Les bénéfices d’une assertivité bien dosée
En observant les effets d’une assertivité excessive, on voit bien tout l’intérêt qu’il existe à être efficace en la matière. Surtout que lorsque les compétences d’assertivité augmentent, le risque de burnout diminue3. Par ailleurs, les programmes qui permettent de travailler sur ce sujet sont très efficaces pour améliorer la santé mentale1. Une assertivité bien dosée possède ainsi les effet suivants :
- Une diminution de l’anxiété, et notamment de l’anxiété sociale, particulièrement liée au manque d’assertivité.
- Une réduction des symptômes dépressifs.
- L’augmentation de l’estime de soi.
- Une baisse de l’attention portée à l’opinion des autres sur soi.
- Augmentation de la confiance en soi.
Assertivité et relations
Bien entendu, comme on peut assez aisément lier l’assertivité à l’intelligence émotionnelle, il va de soi que celle-ci a un impact sur les relations. C’est pourquoi celle-ci est liée à la satisfaction dans le couple1 (satisfaction relationnelle, confiance, intimité). Sur les relations longues, une faible assertivité est au contraire liée à une anxiété plus forte, moins de satisfaction dans le couple, voire même à des maltraitances.
Développer l’assertivité
Dans la littérature scientifique, le cœur de l’entraînement à l’assertivité implique des techniques cognitives et comportementales qui visent à augmenter1 :
- l’expressivité
- la restructuration cognitive des pensées négatives sur soi (recadrages)
- la répétition comportementale (développement d’habitudes)
- les compétences de communication
- le sentiment d’efficacité personnelle.
Si vous souhaitez améliorer votre assertivité, je vous propose donc d’explorer les pistes suivantes :
- Développer votre intelligence émotionnelle
- Pratiquer la méditation
- Faire preuve d’autocompassion
- Cultiver un état d’esprit de développement
- Lutter contre le syndrome de l’imposteur
En clair, toutes les approches qui permettent d’augmenter l’estime de soi et la confiance en soi, de faire baisser l’anxiété et d’améliorer les compétences de communication sont des pistes valides pour développer une assertivité équilibrée.
Approcher les négociations avec une assertivité adaptée
Dans le cadre d’une négociation avec des enjeux, des approches complémentaires existes. Par exemple, le fait de recadrer la situation comme une opportunité de « demander » plutôt que comme une négociation peut réduire les sentiments d’intimidation et peut augmenter la probabilité d’initiation d’une négociation2. L’idée est aussi de trouver la juste demande pour ne pas tomber dans l’excès et provoquer des effets contraires ou négatifs vis-à-vis de ce qui était envisagé au début. Il faut aussi ancrer sa demande dans des faits réalistes pour démarrer sur une base saine et raisonnable.
Bien sûr, apprendre à dire non est tout autant utile. Bien construire ses objectifs, établir des stratégies et prendre le temps de la réflexion sont aussi de bonnes idées quand les contraintes de temps ne sont pas excessives et les enjeux importants.
Enfin, apprendre à écouter l’autre et à l’écouter vraiment permet aussi de mieux avancer dans une négociation.
Se projeter dans des situations pour travailler son assertivité
La communication assertive est un équilibre sain entre le fait d’être trop passif et le fait de se comporter de manière agressive envers les autres. Adopter une approche assertive signifie qu’on exprime ses pensées honnêtement et directement, de manière ouverte.
Quand on communique avec assertivité, on assume la responsabilité de ses comportements sans reporter la faute sur ceux qui nous entourent. Comme des exemples sont toujours plus parlant, vous trouverez des exemples de styles de communication agressive, assertive et passive ci-dessous.
1. Comprendre ses postures actuelles
Commencez par utiliser le tableau pour mieux comprendre les postures non productives que vous adoptez parfois de manière inconsciente. Réfléchissez à ce qui se passerait si vous alliez vers des comportements assertifs plus équilibrés (colonne du milieu).
Passif | Assertif | Agressif |
Trop conciliant | Poli mais ferme | Corrosif / Passage en force |
Laisser les autres nous “balader” | Se défendre quand la situation le nécessite | Harceler ou menacer les autres |
Marmonner ou parler bas | Un ton clair et décontracté | Élever la voix |
Regarder ailleurs ou éviter de croiser les regards | Maintenir un contact visuel amical | Regarder de haut ou lancer un regard noir à son interlocuteur |
Être excessivement modeste ou prompt à reconnaître ses défauts | Encourager les autres et les faire se sentir bien / avoir une image positive d’eux | S’adresser avec condescendance aux autres |
Cacher la vérité pour préserver les sentiments des autres | Sincérité de ton adaptée à la situation | Être excessivement franc et blessant |
Obtempérer rapidement face aux attentes d’autrui | Trouver un terrain d’entente / Compromis | Pousser et appuyer sur ses propres croyances sans considérer celles des autres |
2. Transférer ses compétences et se projeter
Pour aller plus loin et tenter d’équilibrer votre assertivité, identifiez une situation dans laquelle vous avez utilisé une communication plutôt assertive. Décrivez la brièvement par écrit, notez votre ressenti et la manière dont vos interlocuteurs ont reçu cette communication.
Vous pouvez également explorer de la même manière des situations où vous avez fait preuve d’un excès ou d’un manque d’assertivité. Cela peut vous aider à faire le lien entre ces différents comportements et leurs conséquences pour vous et votre environnement. Vous remarquerez probablement des émotions différentes en fonction du niveau d’assertivité exprimé.
Pour chaque situation concrète identifiée, n’hésitez pas à imaginer les conséquences en termes de résultats, de relations et d’émotions si votre curseur d’assertivité avait été placé à un autre niveau. Cette exploration peut vous permettre de développer de nouvelles stratégies, plus adaptées.
Conclusions
Être assertif, c’est être capable de défendre ses intérêts sans nier ou écraser ceux des autres. Quand on défend ses croyances et ses objectifs tout en cherchant à assurer un résultat satisfaisant pour tout le monde, les conséquences sont généralement positives. Malheureusement, nous n’avons pas tous eu la chance de bénéficier d’un environnement nous permettant d’atteindre un niveau satisfaisant de ce point de vue. Toutefois, comme toute compétence, l’assertivité se travaille et se développe.
Cette dimension n’est donc pas à négliger, tant elle est importante pour nos résultats, nos relations et notre bien-être. Il semble dès lors primordial de la travailler, tant pour défendre son propre intérêt personnel que pour garantir des conséquences positives pour autrui. Qu’il s’agisse de carrière professionnelle ou de relations, affirmer ses besoins et ses envies plutôt que de basculer dans la passivité ou l’agressivité est toujours positif. Mais être assertif nécessite de la pratique. Aussi, je vous invite à explorer cette dimension : apprendre à mieux communiquer peut se faire à tout âge et bénéficie à tout le monde !
Références
Voir les références
- Speed, B. C., Goldstein, B. L., & Goldfried, M. R. (2018). Assertiveness training : A forgotten evidence‐based treatment. Clinical Psychology: Science and Practice, 25(1).
- Ames, D., Lee, A., & Wazlawek, A. (2017). Interpersonal assertiveness : Inside the balancing act. Social and Personality Psychology Compass, 11(6), e12317.
- Butt, A., & Zahid, Z. M. (2015). Effect of Assertiveness Skills on Job Burnout. International Letters of Social and Humanistic Sciences, 63, 218‑224.
Je suis dans la sur-assertivité mais hélas, je ne peux rien y changer. Mon bien-être personnel passe avant tout le reste. Les compromis me sont ennemis.
Bonjour Mélody, tout dépend du contexte. Parfois le bien-être immédiat peut-être en contradiction avec le bien-être à moyen ou long-terme. Il ne s’agit bien sûr pas de tomber dans l’extrême inverse, mais certaines situations peuvent appeler à de petits compromis sans pour autant remettre en cause l’équilibre personnel.
Merci pour cet article très complet sur l’assertivité une compétence essentielle dans le monde professionnel et personnel. L’assertivité va effectivement au-delà de la simple confiance en soi. C’est la capacité à communiquer efficacement ses besoins, désirs et sentiments tout en respectant ceux des autres. Cette compétence requiert une certaine finesse dans la communication. Et effectivement, comme dit, une assertivité équilibrée permet une réduction l’anxiété, une augmentation de l’estime de soi et une amélioration des relations interpersonnelles.
J’ai ajouté quelques techniques pour développer son assertivité en prise de parole en public, pour s’exprimer de manière convaincante.
Merci pour ce commentaire et le partage de ressources 🙂
Merci pour cet éclairage. Cette notion porte maintenant un nom dans mon petit univers.
Merci pour cet article éclairant qui me permet d’aborder l’assertivité avec regard différent.
Merci beaucoup pour votre commentaire Anne ! 🙂
Merci d’être passé(e) sur le site et d’avoir pris le temps de lire cet article ! J’espère que vous l’avez apprécié.
N’hésitez pas à me laisser un commentaire si vous avez des questions. Je fais de mon mieux pour lire et répondre à tous les commentaires postés sur le blog, alors ne soyez pas timide !
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