fbpx

Développez votre sagesse

Mains du tableau "La Création d'Adam" de Michel-Ange séparées par un rai de lumière.

Dans un monde de plus en plus agité, faisant face à des changements majeurs, le fait de prendre du recul semble plutôt salvateur. Développer la sagesse pour aborder les choses avec sérénité paraît être une excellente piste pour faire face aux défis qui sont les nôtres. Dans cet article, je vous propose d’approfondir cette notion et de découvrir comment la travailler.

 

Qu’est-ce que la sagesse ?

Aujourd’hui, on définit la sagesse comme la capacité à trouver des solutions pratiques, créatives, contextuellement pertinentes et émotionnellement satisfaisantes à des problèmes humains compliqués1. Si la sagesse partage un certain nombre de qualités avec l’intelligence et la spiritualité, ces trois concepts sont bien distincts. La vertu qui nous intéresse ici est vue comme un trait multidimensionnel, à la fois utile à l’individu et à la société1.

En clair, le fait d’être “sage” permet de s’épanouir davantage et de mieux résister aux épreuves. La sagesse a par ailleurs des effets positifs sur la santé et le bien-être. C’est donc un atout non négligeable pour celui qui cherche à gagner en efficacité et en sérénité1,2.

L’étude de cette dimension par les scientifiques est toutefois assez récente. Cela s’explique par sa complexité. Avant les années 2000, ce type de concept paraissait impossible à étudier scientifiquement. C’est en avançant dans l’étude de nombreuses autres dimensions psychologiques qu’on a pu mieux définir ce concept et le mesurer. Aujourd’hui, il existe même des questionnaires pour évaluer le niveau de sagesse d’un individu. Si vous souhaitez en savoir plus à ce propos et évaluer votre niveau actuel, je vous invite à consulter cet autre article du blog.

 

7 pistes pour développer la sagesse

Nous pouvons tous gagner en sagesse : inutile d’attendre d’avoir 70 ou 80 ans pour cela. D’ailleurs, le lien entre sagesse et âge n’est pas si évident et automatique qu’on pourrait le penser3.

Comme la sagesse peut être détaillée en 7 composantes, je vous propose des pistes pour développer chacune d’entre elles ci-dessous. Néanmoins, sachez que les dimensions qui comptent le plus dans la sagesse sont les comportements prosociaux, la régulation émotionnelle et le conseil social. L’introspection, l’ouverture d’esprit et la capacité à prendre des décisions sont un peu moins centrales, mais restent importantes. La spiritualité, ajoutée récemment à la définition de la sagesse2, a un impact moindre sur le niveau de sagesse global. C’est dans cet ordre que je vais vous présenter des pistes pour travailler au développement de votre sagesse.

1. Développer les comportements prosociaux

Ces derniers incluent l’empathie, la compassion, l’altruisme et le sens de l’équité. Ils permettent notamment de maintenir des connexions sociales positives.

Résumé de la pratique des actes de bonté fortuitsPour les développer vous pouvez :

  • Vous mettre à la place des autres.
    • Cherchez à comprendre ce que vivent les personnes confrontées à des situations différentes de la vôtre. Comment vivent-elles ? Comment travaillent-elles ? Quels sont les problèmes qu’elles rencontrent ?…
    • Passez du temps avec les autres pour les comprendre. Qu’est-ce qui leur procure du bonheur ? Quels sont leurs rêves ? Quels freins rencontrent-ils ?
    • Construisez des relations avec des gens que vous côtoyez déjà, mais avec lesquels vous ne vous connectez pas habituellement.
  • Réaliser des actes de bonté fortuits. Les petits actes de bonté apportent du bonheur à ceux qui les réalisent. N’importe quel cadre s’y prête. En effet, la générosité au travail réduit le risque de burnout, tandis que la générosité dans le couple rend plus satisfaisante et durable la relation amoureuse.
    • Plusieurs études4,5 ont montré que le fait re réaliser des actes de bonté fortuits pendant 6 semaines améliorait le bien-être. De simples petits gestes apportant un peu de positif aux autres augmentent ainsi les émotions positives et réduisent les émotions négatives.

2. Apprendre à réguler ses émotions

Il s’agit ici de développer la capacité à réguler les émotions négatives et le stress qui interfèrent avec la prise de décision. Réguler ses émotions implique aussi d’être capable de favoriser les émotions positives.

Mais attention, je ne vous encourage pas à supprimer toute émotion et à vivre comme un robot, bien au contraire ! Les émotions ont une utilité indéniable car elles nous donnent des informations précieuses sur ce qu’il se passe en nous et autour de nous. L’objectif n’est donc pas de ne plus rien éprouver, mais justement de pleinement ressentir les émotions quand cela nous paraît pertinent et utile. Dans d’autres situations, on les prendra en compte sans se laisser submerger, afin d’éviter un éventuel effet contre-productif.

C’est en somme exactement ce que prône l’approche de la pleine conscience et la méditation. Dans ces pratiques, on cherche à observer ce qui se passe en nous afin de réintroduire un espace de liberté par rapport à nos pensées et à nos émotions. On peut alors choisir de savourer pleinement une émotion, ou au contraire de simplement prendre en compte ce que celle-ci nous indique tout en la régulant.

Il est aussi possible de mettre en place des approches de gestion du stress (ou “coping” ) afin d’apprendre à gérer ses émotions.

3. Développer sa capacité à aider les autres

Cultiver sa capacité à aider les autres vise à développer la sous-dimension de la sagesse nommée “conseil social” . Pour travailler sur ce point, vous pouvez :

  • Pratiquer l’écoute active. Celle-ci consiste à prêter pleinement attention à ce que notre interlocuteur exprime et à se concentrer sur ce dernier plutôt que sur nos pensées et notre dialogue interne. Il s’agit ici de s’intéresser sincèrement à ce qui est dit et à relancer la personne écoutée pour l’aider à élaborer sa pensée. Cela permet de mieux comprendre comment nos interlocuteurs fonctionnent, mais aussi de gagner en perspective sur les processus émotionnels. Pour bien écouter, et pleinement écouter, je vous invite à suivre les conseils suivants :
  1. Mettez-vous à la place de votre interlocuteur. Choisissez une relation que vous souhaitez travailler. Mettez-vous à la place de la personne en question. Quand vous parlez, essayez autant que possible d’adopter son point de vue. Par exemple, imaginez que vous êtes cette personne, qui vaque à ses occupations.
  2. “Fact-checkez” vos interprétations. Réfléchissez aux échanges que vous avez eu avec cette personne. Faites un effort conscient pour vérifier vos présupposés et interprétations concernant ce que la personne vous a dit.
  3. Donnez votre attention pleine et entière. Pendant une conversation, commencez par consacrer toute votre attention à l’autre. Avant de passer à autre chose, pensez à ce qui se produirait si vous posiez la question suivante : “J’aimerais vérifier que j’ai bien compris ce que tu m’as dit. Ça ne te dérange pas ?” La plupart du temps, vous aurez une réponse positive.
  4. Clarifiez ce qui a été dit. Faites un effort pour clarifier ce que vous pensez avoir entendu. Identifiez et explicitez les émotions perçues. Si vous n’êtes pas sûr d’avoir bien compris, posez la question.
  5. Clarifiez ce que vous avez dit. Pendant les conversations, vous pouvez demander à l’autre s’il peut partager ce qu’il a compris de ce que vous avez dit. Réfléchissez à la manière dont vous pourriez lever les incompréhensions et interprétations erronées.

4. Apprendre à mieux se connaître

La sagesse commence avant tout par une bonne connaissance de soi et de son fonctionnement. Pour avancer dans ce domaine, vous pouvez pratiquer le bilan hebdomadaire. Cette démarche permet de développer une vision panoramique de vos projets, désirs, difficultés, etc. L’idée est de bloquer quelques minutes, chaque semaine, pour vérifier ce qu’il vous reste à faire, identifier les projets en attente et recenser ce qui a été fait au cours des jours précédents. Vous gagnerez ainsi en maîtrise et en perspective pour la suite. Voici une trame pour vous aider :

  • Qu’avez-vous accompli cette semaine ? Quels objectifs ou projets ont été complétés ?
  • Quelle est votre expérience subjective sur la semaine écoulée ?
  • Qu’avez-vous appris de particulier cette semaine ? Quelles leçons pouvez-vous tirer des événements passés et des actions réalisées ?
  • Qu’avez-vous à faire dans la semaine à venir ? Pouvez-vous adapter les choses en fonction de ce que les jours précédents vous ont appris ? Des projets nécessitent-ils une réorganisation ou un point plus approfondi ?
  • Organisez vos actions, projets et priorités pour la semaine à venir en fonction de ce bilan.

Pour plus largement développer une pratique réflexive, je vous invite à consulter cet article du blog.

5. Apprendre à garder l’esprit ouvert

Le développement de la sagesse passe également par le fait de cultiver son humilité intellectuelle. En restant ouvert aux points de vue différents des siens on apprend à comprendre les autres et on continue de découvrir de nouvelles opportunités et possibilités tout au long de sa vie.

Mieux comprendre les autres passe par la mobilisation explicite de notre curiosité6,7. Pour ce faire, je vous invite à tester les approches suivantes :

  • Passer du temps avec des personnes que vous connaissez moins et leur poser des questions sur leurs centres d’intérêt, leur parcours, etc.
  • Suivre des gens d’origines et de milieux divers (religieux, ethnique, politique) sur les réseaux sociaux et écouter ce qu’ils ont à dire.
  • Être réellement présent et à l’écoute quand vous interagissez avec autrui. Cherchez à identifier les sujets qui les rendent passionnants, tristes ou heureux.
  • Visiter de nouveaux endroits, interagir avec des locaux et s’immerger dans leur mode de vie.

Cultiver son désir d’apprendre et aussi une approche pertinente. Cet article développe davantage cette idée.

6. Prendre des décisions de manière efficace

Une personne sage est aussi capable de prendre des décisions de manière efficace, la plupart du temps. Cela signifie non seulement que les décisions prises sont de meilleure qualité, mais aussi que celles-ci sont prises dans un temps raisonnable. Il faut donc chercher une bonne solution sans reporter indéfiniment sa réflexion, plutôt que de vouloir toujours chercher “la” meilleure solution pendant des semaines. Pour ce faire, il faut commencer par se fixer de bons critères de décision. Ceux-ci serviront de filtres pour identifier une option satisfaisante pour soi. Voici les différentes catégories de critères utiles pour prendre une bonne décision en un temps raisonnable :

  • Les éléments indispensables. Si ces critères ne sont pas respectés, l’option est évacuée.
  • Les souhaitables. Il serait préférable que ces derniers soient présents, mais si ce n’est pas le cas, on peut accepter de s’en passer. Il est possible de fixer une proportion minimale de critères souhaitables à respecter pour valider une option (ex : 2 sur 4 identifiés).
  • Les bonus. Si ceux-ci sont présents, c’est formidable. Ces critères sont un peu la « cerise sur le gâteau » . S’ils ne sont pas présents, cela n’a aucune importance. Ces critères bonus peuvent d’ailleurs être identifiés à posteriori.

L’objectif est de pouvoir prendre une décision satisfaisante rapidement. Ne passez donc pas des heures à fixer vos critères, et fixez-vous une limite de temps pour la prise de décision. Une fois votre choix effectué, profitez pleinement de l’option choisie. Procéder de la sorte est moins stressant et favorise l’épanouissement dans un monde où les choix et possibilités sont de plus en plus nombreux.

7. Cultiver sa spiritualité

La spiritualité inclut la connexion à soi, à la nature ou à quelque chose de transcendant (l’âme, Dieu, etc.). Notez bien que “spirituel” ne signifie pas nécessairement “religieux”, même si ces deux aspects peuvent être liés. L’idée est plutôt de réfléchir au sens de la vie, et surtout au sens ou au but que l’on veut donner à sa propre vie. Cette mise en perspective permet de recadrer certains événements et peut faciliter certaines décisions. En cela, cette prise de hauteur participe à la sagesse, pour peu qu’elle s’appuie sur un vrai travail de réflexion.

Si vous souhaitez avancer sur ce sujet, je vous propose de lire cet article qui propose 7 pistes concrètes pour réfléchir à votre but dans la vie.

Résumé sous forme d'icônes des 7 pistes pour développer la sagesse

 

Conclusions

Il n’est pas toujours évident de faire preuve de sagesse. Bien sûr, les erreurs font partie des apprentissages, et la spontanéité est une chose précieuse, qu’il faut préserver. Gagner en sagesse n’implique d’ailleurs pas de se priver de curiosité et d’envie de découvrir de nouvelles choses. En clair, être sage ne signifie que l’on sait tout. Il s’agit plutôt de questionner sans cesse, afin de continuer à progresser.

Nous avons tous déjà regretté le fait d’avoir manqué de sagesse à certains moments. Aussi, cultiver cette qualité n’est jamais une mauvaise chose. Que ce soit pour améliorer sa propre vie ou celle de ceux qui nous entourent, c’est une démarche utile. Elle permet aussi d’intégrer notre environnement et des problématiques plus larges que celles de notre quotidien à notre réflexion.

Aussi, commençons par écouter sincèrement autrui et restons curieux. La sagesse passe par l’humilité, et non par le fait de professer son savoir !

 

Références

Voir les références
  1. Jeste, D. V., & Lee, E. E. (2019). The Emerging Empirical Science of Wisdom : Definition, Measurement, Neurobiology, Longevity, and Interventions. Harvard Review of Psychiatry, 27(3), 127‑140.
  2. Jeste, D. V., Thomas, M. L., Liu, J., Daly, R. E., Tu, X. M., Treichler, E. B. H., Palmer, B. W., & Lee, E. E. (2021). Is spirituality a component of wisdom? Study of 1,786 adults using expanded San Diego Wisdom Scale (Jeste-Thomas Wisdom Index). Journal of Psychiatric Research, 132, 174‑181.
  3. Thomas, M. L., Bangen, K. J., Palmer, B. W., Sirkin Martin, A., Avanzino, J. A., Depp, C. A., Glorioso, D., Daly, R. E., & Jeste, D. V. (2019). A new scale for assessing wisdom based on common domains and a neurobiological model : The San Diego Wisdom Scale (SD-WISE). Journal of Psychiatric Research, 108, 40‑47.
  4. Nelson, S. K., Layous, K., Cole, S. W., & Lyubomirsky, S. (2016). Do unto others or treat yourself? The effects of prosocial and self-focused behavior on psychological flourishingEmotion16(6), 850‑861.
  5. Curry, O. S., Rowland, L. A., Van Lissa, C. J., Zlotowitz, S., McAlaney, J., & Whitehouse, H. (2018). Happy to help? A systematic review and meta-analysis of the effects of performing acts of kindness on the well-being of the actorJournal of Experimental Social Psychology76, 320‑329.
  6. Eyal, T., Steffel, M., & Epley, N. (2018). Research : Perspective-taking doesn’t help you understand what others want. Harvard Business Review.
  7. Krznaric, R. (2012). Six Habits of Highly Empathic People. Greater Good Magazine.
Bastien Wagener
WRITTEN BY

Bastien Wagener

Docteur en psychologie, je suis passionné à la fois par le développement personnel, mais aussi par la recherche sur les capacités et potentialités incroyables de l’être humain !
S'abonner
Me notifier des
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

7 Commentaires
plus récents
plus anciens plus de votes
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
Ezéchiel Kazungu
Ezéchiel Kazungu
5 mois plus tôt

Merci beaucoup, ça m’as aidé à développer encore ma sagesse

Touré
Touré
1 année plus tôt
Répondre à  Bastien Wagener

Très bon article ! Merci @Bastien Wagner, pour ce don précieux. Au plaisir de vous lire.

Akdign Gérard
Akdign Gérard
3 mois plus tôt
Répondre à  Bastien Wagener

Merci à vous, j’ai vraiment aimé, merci beaucoup.

Aperçu du livre "Plus efficace & plus heureux" avec commentaires

7
0
Qu'en pensez-vous ? N'hésitez pas à laisser un commentaire !x